Virginie Laval : « Ma méthode sera basée sur la concertation »

Arrivée en tête des suffrages le 20 octobre, Virginie Laval a été élue lundi présidente de l’université de Poitiers par le conseil d’administration. Professeur en psychologie du développement, elle prône une gouvernance renouvelée, assume son bilan au côté d’Yves Jean et annonce la création de six campus thématiques fédérant formation et recherche.

Romain Mudrak

Le7.info

D’une manière générale, quels thèmes sont ressortis de cette campagne et lesquels vous ont été particulièrement favorables ?
« Certains thèmes que j’ai souhaités mettre en avant ont rencontré l’adhésion de la communauté universitaire. J’ai l’ambition de faire rayonner notre établissement comme une université de plein exercice, liant solidairement les missions de recherche et de formation. C’est la colonne vertébrale de mon projet. Sur le territoire français, on voit bien se dessiner des grands pôles d’excellence d’un côté, et de l’autre, des universités risquent d’être rétrogradées au rang de collèges universitaires. On doit s’efforcer de donner une meilleure visibilité à ce lien formation-recherche. C’est pourquoi je vais mettre en place six campus thématiques transdisciplinaires qui auront vocation à fédérer les activités des différents laboratoires de recherche avec les masters associés. On va structurer notre activité à travers des campus aéronautique/transports ; énergie/environnement ; santé/biosanté ; numérique/mathématiques ; sciences humaines et sociales ; sciences juridiques. »

Faire « rayonner » l’université en Nouvelle-Aquitaine passe aussi par des partenariats locaux…
« Je veux faire du site poitevin un acteur important de Nouvelle-Aquitaine. On appelle cela la politique de site. Un partenariat fort existe avec l’Isae-Ensma. L’enjeu est de renforcer le lien avec le CHU et le centre Henri-Laborit sur la formation, la recherche et la vie étudiante. On a d’un côté la question de l’universitarisation des formations paramédicales. Il faut aussi rapprocher nos laboratoires avec ceux de l’Inserm. D’autre part, notre service de santé universitaire ne pourrait-il pas être renforcé par des professionnels du CHU ? Je vais poser ces questions à Mme Costa (directrice du CHU, ndlr). »

Comment vous positionnez-vous par rapport à Yves Jean et à son bilan ?
« Le bilan d’un président est également celui de son équipe. J’étais dans l’équipe d’Yves Jean et je partage son bilan. Maintenant, ma personnalité est différente, elle impactera forcément la manière de travailler, de penser, de gouverner cet établissement. J’apporterai ma marque de fabrique avec un mode de gouvernance renouvelé. »

Quelle mode de gouvernance prônez-vous ?
« Ma méthode sera basée sur la concertation pour une gouvernance plus ouverte. Je souhaite mettre en place une relation de proximité. Pour chaque mission de l’établissement, il faudra croiser les regards entre collègues, enseignants-chercheurs, personnels Biatss et aussi prendre en compte l’avis des étudiants. Pour porter la nouvelle offre de formations en 2018, j’avais mis en place quatorze groupes de travail de ce genre. J’ai écouté, j’ai été capable de faire machine arrière sur certaines propositions que je formulais mais aussi de maintenir un cap et de prendre des décisions. Cette méthode s’est traduite par un vote à l’unanimité au conseil d’administration. »

"J’ai envie de voir nos campus revivre."

De nouvelles attributions apparaîtront-elles au sein de l’équipe présidentielle ?
« Une nouvelle mission très importante pour moi apparaîtra autour des ressources humaines et de la politique sociale. Je veux mettre l’humain au cœur de mon projet. Dans une université, les problématiques d’emplois sont importantes. Ce vice-président devra travailler main dans la main avec celui des Biatss pour être au plus près des services. »

L’Alliance des universités de recherche et de formation (Auref) -dont fait partie l’université de Poitiers- a réclamé un retour des étudiants en présentiel dès le début du second semestre (le 18 janvier). Reprenez-vous cette demande à votre compte ?
« Bien sûr, nous sommes prêts. Même avec des jauges, il nous faut du présentiel. J’ai envie de voir nos campus revivre. Les activités en présentiel sont le gage de la qualité de l’enseignement et d’une bonne relation pédagogique. Imaginez que les étudiants de première année ont déjà vécu un confinement en terminale. »

Sur le volet social, êtes-vous favorable à de nouvelles modalités d’accès des étudiants à l’épicerie sociale ?
« Je me suis engagée à ce que l’épicerie sociale de l’université soit installée dans un lieu de vie ouvert à tous. Je ne sais pas encore où mais les horaires seront plus larges. Il y aura l’épicerie et d’autres choses qui permettent de tisser du lien social, peut-être des cours de cuisine, une petite salle de sport… Ce dossier sera confié au vice-président étudiant (qui sera désigné le 15 décembre, ndlr). J’ai aussi proposé la création d’un guichet unique avec le Crous pour tout ce qui relève de l’aide sociale afin de prendre en charge plus rapidement les difficultés des étudiants. Il me semble aussi pertinent de nommer des chargés de mission au côté du vice-président étudiant pour animer la vie des campus de Niort et Angoulême. »

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