
Aujourd'hui
Savez-vous qu’entre 8 000 et 10 000 livres et magazines circulent en permanence à l’intérieur du centre pénitentiaire de Vivonne ? Ils sont stockés sur les rayonnages de trois bibliothèques -centres de détention pour hommes, femmes et à la maison d’arrêt- et cinq dépôts, en attendant que les détenu(e)s les choisissent. « Pour une partie d’entre eux, la lecture est un moyen de s’évader, assure Valérie, la responsable. Physiquement, c’est impossible de sortir des murs. Ici, tout est réglé. Les livres leur offrent un peu de liberté. » Avec sa collègue Carine, elle occupe un plein temps financé par la médiathèque, et donc la Ville de Poitiers depuis 1988. A l’époque, la maison d’arrêt se situait encore à la Pierre Levée. C’est unique en France !
Dans le quartier des femmes, la bibliothèque est installée dans une salle d’environ 40m2 munie d’étagères et d’une grande table. « Avant la Covid-19, c’était un lieu de passages, de rencontres, d’échanges avec des jeux à disposition », raconte Nathalie, 57 ans. Comme deux autres détenus, elle est auxiliaire de bibliothèque depuis un an. Ces « auxi » sont rémunérés pour accueillir le « public », gérer les prêts, les retours et les retards réguliers. Ils rangent les ouvrages et les rafistolent si nécessaire. Malheureusement depuis l’apparition du virus, l’accès est limité à une seule personne à la fois. « L’avantage, c’est que cela libère la parole et beaucoup de détenus en profitent pour se confier un peu. »
Nathalie lit sept à huit livres par semaine. « Je suis une passionnée de lecture. C’est donc tout naturellement que je veux partager cela avec les autres détenus et, surtout, que j’essaie, telle une libraire, de trouver le livre qui les passionnera à leur tour ou, au moins, qui les amènera à lire. » C’est sa première motivation, avec la rémunération. Etre « auxi » donne aussi un certain statut à celui ou celle qui occupe cette fonction. « Nous sommes identifiés par les autres, les relations sont bonnes, on se sent respecté », note Didier, 54 ans, sans parler d’intégration. Il ne se passe pas un jour sans qu’un de ses co-détenus lui demande des informations sur un bouquin, même après sa journée de travail. « C’est notre cœur de métier ! » Lui officie à la bibliothèque du centre de détention des hommes. Chaque jour, il parcourt également un étage différent de son bâtiment avec un chariot rempli d’ouvrages et de magazines. Impossible de savoir combien de temps il restera là. Mais une chose est sûre, « le plaisir d’être au milieu des livres » lui permettra de se réinsérer un jour ou l’autre.
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