Le SNU, un engagement encore volontaire

La campagne de recrutement des volontaires pour le Service national universel se poursuit jusqu’au 20 avril. Destiné à renforcer la cohésion sociale, le dispositif est voué à devenir obligatoire.

Claire Brugier

Le7.info

Sa mise en place en 2019 a fait polémique. Reprise de codes militaires, mise en concurrence des associations, version par trop raccourcie du service civique… Plusieurs griefs sont formulés à l’encontre du Service national universel (SNU), voué à remplacer indirectement le service militaire supprimé en 1997. Le plus récurrent porte sur son caractère obligatoire pour l’ensemble des 15-17 ans, dès 2024. Quant à ses objectifs, ils sont clairs : « transmettre un socle républicain, renforcer la cohésion nationale et développer une culture de l’engagement », rappelle-t-on à la préfecture.

Néanmoins, alors qu’une nouvelle campagne de recrutement se déroule jusqu’au 20 avril, de nombreuses questions restent en suspens. « La réflexion sur le sujet est toujours en cours au sein de la fédération, note le délégué de la Ligue de l’enseignement 86. Pour nous, un engagement doit être volontaire. » Au-delà, la Ligue se dit toujours ouverte pour « co-construire des politiques publiques et y intégrer une vraie dimension d’éducation populaire ». Et Stephen Borderie d’ajouter : « Le service civique aussi avait été décrié à ses débuts, on y voyait de l’emploi déguisé. »

« J’ai appris pas mal
 de choses »

La position de la Fédération des centres sociaux est plus radicale. Ici aussi, le caractère obligatoire fait tiquer. « On a déjà le service civique, basé sur le volontariat, note Denis Renaudin, délégué de la Vienne. Aujourd’hui, les jeunes ont besoin d’une société qui les accueille, qui les comprenne, pas qui les contraignent. Plutôt que d’inculquer les valeurs de la République, il faut les faire vivre, les questionner. » De plus, « il ne faudrait pas concentrer le budget dédié à la jeunesse dans le SNU ». Et ce d’autant que la crise a fait apparaître de nouveaux dispositifs tels que les 2S2C (Sport-santé/Culture-civisme) ou les Vacances apprenantes.


Elle a aussi tronqué l’édition 2020 du stage de cohésion, phase 1 du SNU. Et sur les 23 inscrits dans la Vienne, seuls cinq ont réalisé ou débuté la phase 2, une mission d’intérêt général (MIG). Bien qu’un peu déçue, Solène Beguier ne regrette pas, même si au départ, « c’est ma mère qui me l’a proposé, pour m’occuper pendant les grandes vacances, confie-t-elle avec sincérité. J’ai effectué ma mission à la mairie de Couhé dans le cadre de la mise en place du nouveau conseil municipal des jeunes. J’ai appris pas mal de choses, et puis j’aime bien apporter mes idées dans la vie citoyenne d’une commune. » Aymeric Bertrand, 16 ans, a effectué sa MIG dans son club de foot, à Quinçay. « J’ai participé à l’organisation des matchs, des plateaux, découvert l’administratif… Cela m’a motivé pour m’engager plus dans le club. » Nul ne sait pour l’heure si, à la différence de Solène et Aymeric, la nouvelle promotion -100 jeunes maximum dans la Vienne- aura droit à son stage de cohésion, du 21 juin au 2 juillet.

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