Mars, « notre petit laboratoire »

Le public a pu suivre quasiment en direct l’arrivée du robot Perseverance sur Mars le 19 février. Eric Chapelle, médiateur scientifique de l’Espace Mendès-France, rappelle les objectifs de la mission.

Romain Mudrak

Le7.info

Pourquoi un tel engouement pour Perseverance ?

7 minutes de terreur, comme si vous y étiez… La vidéo de l’arrivée de Perseverance sur Mars a fait le tour du monde. Cet engouement du public a surpris Eric Chapelle, animateur scientifique de l’Espace Mendès-France, qui suit l’exploration martienne depuis de nombreuses années. « Ce n’est pas le premier atterrissage sur Mars et ce ne sera pas le dernier. Les précédentes missions n’ont pas fait l’objet d’un tel relais médiatique. Même Curiosity. Pourquoi une telle ampleur cette fois ? Peut-être que la fréquentation des réseaux sociaux est plus forte, avec un accès plus facile à des directs. » Il faut dire que la Nasa aime la communication, contrairement à l’Agence spatiale européenne. Et pourtant, la super-caméra qui a envoyé ses premières images du paysage martien a bien des origines françaises. On peut en être fier !

Mars n’est pas une planète B

Ellon Musk et Thomas Pesquet ont aussi rendu la conquête spatiale plus accessible. En revanche, si des Poitevins envisagent de s’installer là-bas, il vaut mieux oublier. « Il faut se sortir de la tête que Mars est une planète B », note l’expert. Mars est inhabitable sur le long terme. Des pionniers iront peut-être un jour, même si la date du voyage est sans cesse repoussée, mais elle ne sera jamais une « planète de secours ».

A la recherche de la vie

Contrairement à Curiosity, qui s’est concentré sur l’exploration géologique de Mars, Perseverance recherche clairement des traces de vie ancienne. Le robot s’est posé au fond d’un lac asséché. Il va sonder à coup de laser et forer pour collecter des échantillons qui seront ramenés lors d’une prochaine mission. « En astronomie, on ne fait pas d’expérience comme en chimie. Si on trouve des traces de vie sur Mars, on pourra extrapoler et dire que les conditions de vie peuvent être réunies en dehors de la Terre. Donc sur d’autres planètes. Mars est ainsi notre petit laboratoire. » Dans le cas contraire, il faudra identifier les critères qui ont permis l’émergence de la vie sur Terre et pas sur Mars.

Atterrissage ou amarsissage ?

Le moment était propice pour la mission Perseverance car Mars était à environ 70 millions de kilomètres de la Terre. D’ailleurs la Chine et les Emirats arabes unis ont aussi profité de cette fenêtre de tir pour envoyer leurs propres engins. La sonde US a pénétré dans l’atmosphère martienne à 23 000km/h avant que le parachute ne s’ouvre. Ensuite, doit-on parler d’atterrissage ou d’amarsissage ? « La communauté scientifique n’a pas besoin de terme nouveau, précise Eric Chapelle. Mais si la population s’en saisit, le mot existera. C’est le propre d’une langue vivante ! »

Comment poursuivre l’aventure
La conquête spatiale s’est fait une place sur les réseaux sociaux. Pour ne rien louper des aventures de Perseverance, Eric Chapelle vous conseille plusieurs comptes Twitter officiels ou appartenant à des passionnés : NASAPersevere ; idariane ; SpaceExplorerW ; Astro_Danyboy ; Pauline_Delande ; mathildeD_V ; Space_Baguette.
Bon à savoir : la prochaine conjonction Lune-Mars est prévue le 19 mars. Ce soir-là, la Lune passera entre Mars (au-dessus de la Lune) et Aldébaran (en-dessous de la Lune). Ce sera le meilleur moment pour voir la planète rouge. Save the date !
Crédit photo : NASA/JPL-Caltech

À lire aussi ...