Les arbres de la Vienne passés au crible

La semaine dernière, Vienne Nature a lancé une nouvelle campagne d’inventaire des arbres remarquables du département. L’occasion de braquer les regards sur ce patrimoine naturel en péril et pourtant si essentiel.

L’émotion est encore vive, un mois après l’incendie volontaire du chêne de la Matauderie, à Poitiers. « Plus de 350 ans n’ont pas résisté à la bêtise humaine », déplorait Vienne Nature, au lendemain de cet acte. Hasard du calendrier, l’association vient de lancer sa nouvelle campagne d’inventaire des arbres remarquables du département. La précédente, réalisée vingt-cinq ans plus tôt, avait permis d’identifier plus de 1 000 spécimens dans la Vienne, dont le chêne de la Matauderie. 


D’autres arbres remarquables ont disparu au cours des deux dernières décennies. A cause du vandalisme, des tempêtes, du gel… Mais aussi du réchauffement climatique. C’est tout un patrimoine naturel qui est en péril. « En Poitou-Charentes, 
25 à 30% des chênes pédonculés sont en situation de stress hydrique, observe Alain Persuy, naturaliste et administrateur de Vienne Nature. On estime aussi que le hêtre va disparaître sur les trois quarts du territoire français, tout comme le merisier qui est sensible aux coups de soleil. » Inévitablement, nos forêts sont appelées à changer.


Un inventaire participatif


Devant s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2022, la nouvelle campagne d’inventaire vise à « faire connaître ce patrimoine, notamment auprès des générations futures ».
 Elle est aussi l’occasion de sensibiliser au rôle essentiel joué par les arbres. « Ils sont indispensables à nos espèces à bien des égards : ils facilitent l’infiltration de l’eau, accueillent les oiseaux, les pollinisateurs… » Un message auquel la population poitevine semble déjà réceptive. En 2018, la mobilisation d’habitants de Gençay avait par exemple permis de sauver un cèdre du Liban de la destruction. « On reçoit beaucoup d’appels de particuliers qui veulent préserver des arbres », note Caroline Lemenicier, chargée de communication.


Grâce aux outils de communication modernes, la campagne d’inventaire met les habitants à contribution. Ils peuvent signaler un arbre via un formulaire en ligne, accessible sur le site Internet de Vienne Nature. Un salarié ou un bénévole se déplace ensuite pour vérifier son caractère « remarquable ». Son âge, sa circonférence, sa hauteur… « Il ne répond pas qu’à des critères objectifs, mais aussi à son histoire, sa silhouette, précise Sarah Bégoin, chargée d’études naturalistes. Ces données seront aussi une base pour la préservation. On pourra alors les soumettre à l’Etat pour un classement. » Le chêne pédonculé de Lathus-Saint-Rémy est le seul arbre « classé » par l’Etat dans la Vienne, et ce depuis 1926 en raison de sa forme de parasol.