Vaccin - Piqûre de rappel pour les soignants

En France comme dans la Vienne, le nombre de soignants vaccinés contre la Covid-19 n’est pas à la hauteur des espérances. Pas de quoi rassurer le reste de leurs concitoyens à l’heure où on annonce une accélération de la campagne d’injection.

Romain Mudrak

Le7.info

Après deux campagnes spécifiques, fin février et mi-mars, le constat est implacable au CHU de Poitiers : moins d’un soignant sur deux a reçu au moins une dose de vaccin contre la Covid-19. Les médecins (61%) collaborent davantage mais les personnels paramédicaux (33%), pourtant en première ligne face au virus, refusent en masse l’injection. La tendance est identique dans tous les établissements français, privés et publics. A tel point que le ministre de la Santé en personne a écrit une lettre aux « soignants » le 5 mars pour les enjoindre de passer à l’acte. Quatre jours plus tard, l’Académie nationale de médecine recommandait de rendre « obligatoire » la vaccination contre la Covid-19 pour tous les professionnels de santé, ainsi que pour les auxiliaires de vie des personnes âgées, « considérant que l’hésitation vaccinale est éthiquement inacceptable chez les soignants ». Le chef de l’Etat n’a pas encore tranché.

Défiance à l’égard de l’AstraZeneca

Dans la Vienne, la couverture vaccinale de l’ensemble de personnels de santé s’élève à 58,2%, avec de fortes disparités. Les praticiens libéraux ne seraient que 36% à avoir bénéficié d’une dose, selon les chiffres de l’ARS. Alors, pourquoi une telle fronde contre ce vaccin que tout le monde attend depuis un an ? « Le problème ne vient pas de la vaccination mais du vaccin AstraZeneca », nuance Céline Laville. Selon la présidente de la Coordination nationale des infirmiers (CNI), les professionnels de santé ont du mal à accepter que l’Etat ait fléché pour eux le sérum « qui provoque le plus d’effets secondaires et dont l’efficacité est limitée pour certains variants ». Et ne faites pas le parallèle avec le taux de vaccination contre la grippe saisonnière, traditionnellement très bas chez les « soignants » ! Selon elle, ses collègues sont conscients des enjeux. Céline Laville s’est d’ailleurs résignée à la piqûre mi-mars, « pas pour moi mais pour protéger les autres ». L’AstraZeneca l’a clouée au lit pendant une semaine. Avec la journée de carence, c’est 90€ de perdu. « Beaucoup ne peuvent pas se le permettre. Et comme on n’est pas remplacés, on laisse les collègues en difficulté dans le service. »

Session de rattrapage le 6 avril

Au sein de la résidence pour personnes âgées Les Jardins de Camille, à Saint-Benoît, la moitié des 45 employés a sauté le pas, conformément à la moyenne départementale. Ici, c’est le Pfizer qui a été proposé. Pour arracher ce résultat, il a fallu multiplier les affiches et les réunions avec le médecin coordinateur. « Je dis aux salariés d’aller voir leur médecin traitant en qui ils ont confiance pour être rassurés », indique la directrice Elodie Julien. Face aux informations contradictoires, certains soignants refusent tout simplement parce qu’ils n’ont pas confiance dans ce nouveau produit qu’on leur injecte. Sans oublier cette part d’irrationnelle qui perturbe aussi parfois le raisonnement.

Au CHU de Poitiers, la prochaine session de vaccination des soignants se fera à partir du 
6 avril, avec le Pfizer-BioNTech. Le Pr Bertrand Debaene(*), qui coordonne l’ensemble de la démarche au sein de l’établissement, espère convaincre de nouveaux collègues : « Quand on prend en charge des patients, il faut être vacciné. C’est important de se protéger et de protéger les patients. » Depuis quatorze semaines, 2 200 soignants de la Vienne ont reçu une injection au CHU.

(*)Il sera l’invité de 7 à la Une, mardi à 12h, sur les réseaux sociaux du 7.

crédit photo : Communication CHU Poitiers

À lire aussi ...