Innovation - L’impression 3D 
au service de la chirurgie

Fin novembre 2020, une quinquagénaire montmorillonnaise s’est retrouvée défigurée après avoir été mordue par son chien. Un chirurgien du CHU est parvenu à reconstruire son nez grâce à l’impression 3D.

Romain Mudrak

Le7.info

La première fois qu’Antoine Julienne a réalisé une modélisation en trois dimensions sur ordinateur, il avait 13 ans. Ce féru de nouvelles technologies s’apprêtait à concevoir son propre jeu vidéo. Vingt ans plus tard, devenu chirurgien au CHU de Poitiers, il a eu l’idée originale d’utiliser l’impression 3D lors d’une opération de reconstruction nasale.

La patiente, âgée d’une cinquantaine d’années, s’est présentée en novembre dernier à l’hôpital de Montmorillon en partie défigurée après avoir été mordue par son chien. Chef de clinique dans le service de chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice depuis quelques semaines, le jeune médecin est allé sur site comme il devait le faire chaque semaine dans le cadre de ses fonctions. C’est là que tout a commencé. Après une première intervention pour désinfecter la zone touchée, il a donné rendez-vous à sa patiente quinze jours plus tard. Juste le temps pour lui de retrouver dans son dossier médical les images d’un scanner passé par la victime quelques années plus tôt. Une aubaine. A partir de là, tout est allé très vite. Avec l’aide de son complice Cyril Brèque, qui a mis à sa disposition l’imprimante 3D du laboratoire d’anatomie de Poitiers, Antoine Julienne a reconstitué une version évidée en plastique du nez.

La courbure
des ailes narinaires

« Le chirurgien peut développer ses propres outils en interne, et de toute façon ce modèle n’a jamais été en contact avec le patient pendant l’intervention », souligne le chirurgien. En effet, il a été enveloppé dans un film plastique sous vide et stérile déjà connu des blocs opératoires. Voilà comment ce moule « fait maison » a pu être utilisé aussi facilement dans l’univers très réglementé d’un CHU. Comme souvent dans ce genre de situation, un morceau de cartilage et un autre de peau ont été prélevés derrière l’oreille de la patiente. Par petites pressions, le moule a permis de façonner et reproduire à l’identique la courbure des ailes narinaires qui ont une forme très complexe. C’est la partie la plus longue dans ce genre d’intervention. Résultat, « cette méthode a réduit le temps de chirurgie d’une heure tout en améliorant la précision », estime le praticien ravi d’entendre sa patiente dire récemment qu’elle pouvait à nouveau se regarder dans un miroir. Pour l’anecdote, elle a gardé son Jack Russell.

Crédit photo : Dr Antoine Julienne

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