L’hydrogène, l’énergie du futur ? Plutôt en avance sur ce dossier, 
la France y croit et 
s’apprête à investir 7,2Md€ d’ici 2030 dans le cadre du plan de relance. A Poitiers, industriels et chercheurs se positionnent pour faire sauter les verrous qui conditionnent un usage de masse.


Romain Mudrak

Le7.info

Pourquoi un tel engouement pour l’hydrogène aujourd’hui ?

La découverte de l’hydrogène ne date pas d’hier. Le chimiste français Lavoisier décrit ses caractéristiques dès la fin du XVIIIe siècle. Sauf que les énergies fossiles (charbon, pétrole) vont rapidement s’imposer. A l’époque, on les croit inépuisables et sources de progrès techniques. Pendant longtemps, l’hydrogène n’est l’affaire que d’une poignée d’irréductibles chercheurs à contre-courant. Christophe Coutanceau est de ceux-là. Ce professeur de l’université de Poitiers a soutenu une thèse sur le sujet en 1994. Et son directeur de recherche travaillait déjà sur l’hydrogène depuis au moins vingt ans... Aujourd’hui, le moment est venu de « changer de paradigme ». Réchauffement climatique oblige, l’opinion publique et les industriels sont prêts. L’Etat prévoit d’investir 7,2Md€ d’ici 2030. Deux laboratoires poitevins membres de la Fédération Hydrogène du CNRS (FRH2) sont concernés.


Exit les métaux rares !

Au sein de l’Institut de chimie des métaux et des matériaux (IC2MP) Christophe Contanceau et d’autres extraient l’hydrogène de l’eau par électrolyse. Et ce n’est pas banal quand on sait que 96% de l’hydrogène est pour l’instant produit à partir… d’hydrocarbures fossiles. Ici, un courant électrique casse la molécule H2O (eau) pour ne garder que le H2 (hydrogène) !
Première précision, ce courant doit être produit par des énergies renouvelables (ENR) pour que l’hydrogène reste écolo-compatible. Ensuite, une pile à combustible transforme cet hydrogène en électricité. Pour accomplir cette étape, comme la précédente, les équipements utilisés sont bardés de platine et d’iridium, des métaux rares et chers qu’on n’a pas en France. A Poitiers, l’IC2MP planche donc non seulement sur l’optimisation des deux étapes décrites mais aussi sur des solutions innovantes sans métal précieux.


Des réservoirs solides

Plus volumineux que le pétrole, l’hydrogène doit être conservé sous pression dans des caissons à 350 voire 
700 bars. L’institut Pprime veille donc, de son côté, à améliorer la résistance des matériaux de ces réservoirs soumis à rude épreuve. Et ces derniers vont avoir un rôle crucial à l’avenir. Dans les véhicules lourds ou légers, mais pas seulement. En stockant l’énergie produite par les ENR, l’hydrogène va permettre de résoudre le problème de l’intermittence. Autrement dit restituer cette énergie quand il n’y a ni soleil, ni vent. Les recherches de Pprime visent aussi à accroître la durabilité des matériaux des piles à combustible.

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