Poitiers sur la route de l’hydrogène

Vous l’aurez compris, Poitiers s’est fait une place dans la recherche et l’industrie de l’hydrogène. Et celle-ci a vocation à grandir dans le cadre du nouveau plan de relance. Pour mettre en lumière ces perspectives mais aussi les différents usages de cette énergie du futur, l’Espace Mendès-France s’apprête à créer un « forum permanent » de réflexion et de débat autour de l’hydrogène. Cette thématique intégrera largement le programme d’animations du centre scientifique. Mais ce n’est pas tout. Le centre va créer un pôle d’expérimentation. Nom de code : H2-Lab. Ce lieu de démonstration sera décliné en mode itinérant, pour les établissements scolaires par exemple. « Après le charbon et le pétrole, l’hydrogène constitue un nouveau changement de paradigme », note Christophe Coutanceau, qui va piloter ce nouveau programme de vulgarisation scientifique. Pour cela, il faut communiquer sur les nouveaux usages, rassurer la population et favoriser la « désirabilité » de ce vecteur d’énergie propre. C’est la vocation de cet espace aménagé dans les prochains mois par le centre scientifique poitevin. Un moyen de faire de la pédagogie, encore et toujours.

Romain Mudrak

Le7.info

Pourquoi un tel engouement pour l’hydrogène aujourd’hui ?
La découverte de l’hydrogène ne date pas d’hier. Le chimiste français Lavoisier décrit ses caractéristiques dès la fin du XVIIIe siècle. Sauf que les énergies fossiles (charbon, pétrole) vont rapidement s’imposer. A l’époque, on les croit inépuisables et sources de progrès techniques. Pendant longtemps, l’hydrogène n’est l’affaire que d’une poignée d’irréductibles chercheurs à contre-courant. Christophe Coutanceau est de ceux-là. Ce professeur de l’université de Poitiers a soutenu une thèse sur le sujet en 1994. Et son directeur de recherche travaillait déjà sur l’hydrogène depuis au moins vingt ans... Aujourd’hui, le moment est venu de « changer de paradigme ». Réchauffement climatique oblige, l’opinion publique et les industriels sont prêts. L’Etat prévoit d’investir 7,2Md€ d’ici 2030. Deux laboratoires poitevins membres de la Fédération Hydrogène du CNRS (FRH2) sont concernés.

Exit les métaux rares !
Au sein de l’Institut de chimie des métaux et des matériaux (IC2MP) Christophe Contanceau et d’autres extraient l’hydrogène de l’eau par électrolyse. Et ce n’est pas banal quand on sait que 96% de l’hydrogène est pour l’instant produit à partir... d’hydrocarbures fossiles. Ici, un courant électrique casse la molécule H2O (eau) pour ne garder que le H2 (hydrogène) ! Première précision, ce courant doit être produit par des énergies renouvelables (ENR) pour que l’hydrogène reste écolo-compatible. Ensuite, une pile à combustible transforme cet hydrogène en électricité. Pour accomplir cette étape, comme la précédente, les équipements utilisés sont bardés de platine et d’iridium, des métaux rares et chers qu’on n’a pas en France. A Poitiers, l’IC2MP planche donc non seulement sur l’optimisation des deux étapes décrites mais aussi sur des solutions in- novantes sans métal précieux.

Des réservoirs solides
Plus volumineux que le pétrole, l’hydrogène doit être conservé sous pression dans des caissons à 350 voire 700 bars. L’institut Pprime veille donc, de son côté, à améliorer la résistance des matériaux de ces réservoirs soumis à rude épreuve. Et ces derniers vont avoir un rôle crucial à l’avenir. Dans les véhicules lourds ou légers, mais pas seulement. En stockant l’énergie produite par les ENR, l’hydrogène va permettre de résoudre le problème de l’intermittence. Autrement dit restituer cette énergie quand il n’y a ni soleil, ni vent. Les recherches de Pprime visent aussi à accroître la durabilité des matériaux des piles à combustible.

Tout savoir sur l’hydrogène à l’EMF
Vous l’aurez compris, Poitiers s’est fait une place dans la recherche et l’industrie de l’hydrogène. Et celle-ci a vocation à grandir dans le cadre du nouveau plan de relance. Pour mettre en lumière ces perspectives mais aussi les différents usages de cette énergie du futur, l’Espace Mendès-France s’apprête à créer un « forum permanent » de réflexion et de débat autour de l’hydrogène. Cette thématique intégrera largement le programme d’animations du centre scientifique. Mais ce n’est pas tout. Le centre va créer un pôle d’expérimentation. Nom de code : H2-Lab. Ce lieu de démonstration sera décliné en mode itinérant, pour les établissements scolaires par exemple.
 « Après le charbon et le pétrole, l’hydrogène constitue un nouveau changement de paradigme », note Christophe Coutanceau, qui va piloter ce nouveau programme de vulgarisation scientifique. Pour cela, il faut communiquer sur les nouveaux usages, rassurer la population et favoriser la « désirabilité » de ce vecteur d’énergie propre. C’est la vocation de cet espace aménagé dans les prochains mois par le centre scientifique poitevin. Un moyen de faire de la pédagogie, encore et toujours.

PODCAST
La première Simca à hydrogène

En 1981, il a fait sensation au volant de sa Simca 1 000 bleu nuit. Scientifique de génie, professeur de mécanique à l’université d’Angers, Jean-Luc Perrier venait de mettre au point la première voiture fonctionnant à l’aide d’un moteur à hydrogène. En plein choc pétrolier. Il n’était pas seul dans l’aventure. Le garagiste loudunais Jean-Pierre Barrault l’a aidé à mettre au point le concept, décliné par la suite sur un tracteur et une Volvo 240. L’hydrogène en question était produit grâce à de l’eau et à un « concentrateur solaire » de 12m de large sur 8m de haut, là encore œuvre du génial inventeur. Malheureusement, Jean-Luc Perrier est décédé en août 1981 dans un accident de la route. L’un des pionniers de l’Espace Mendès-France, Christian Granseigne, missionné à l’époque pour rapatrier et sauvegarder à Poitiers les travaux du binôme Barrault-Perrier, raconte cette histoire dans un podcast à retrouver sur radio. emf.fr. On y voit même une vidéo de l’époque.

ETALONNAGE
Cesame Exabit contrôle les stations

Il n’existe actuellement qu’une quarantaine de stations à hydrogène en France, la plupart réservées à des flottes de véhicules d’entreprise ou de collectivités. Toutefois, convaincu que ce marché a vocation à grandir, Cesame Exabit (20 salariés, 2M€ de CA) a mis au point un instrument de contrôle du débit de ces stations. « La finalité est d’assurer au consommateur une transaction équitable, en l’occurrence que les quelques kilo- grammes qui lui seront vendus pour ravitailler son véhicule lui seront bien délivrés », explique Henri Foulon, PDG de l’entre- prise installée depuis trente ans en face de l’aéroport de Poitiers. Une suite logique pour cette référence internationale de la débitmétrie des gaz sous pression. Cesame-Exabit possède même une délégation de service public pour certifier l’étalonnage d’un certain nombre d’instruments. De nombreux industriels lui demandent de vérifier leurs installations.

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