Pistes cyclables : un puzzle incomplet

Une piste cyclable par-ci, une voie verte par-là, des aménagements dédiés aux mobilités douces sont régulièrement mis en lumière mais les itinéraires sont souvent incomplets. Le réseau cyclable se construit très lentement.

Sonnez clairons, résonnez trompettes, une voie cyclable vient d’être inaugurée ! Comme entre Saint-Benoît et le CHU fin mai (320m), chaque nouvelle ouverture est présentée par les élus locaux comme une petite victoire. Mais les collectivités outrepassent encore trop rarement l’obligation légale de matérialiser un itinéraire cyclable lors de chaque ouverture ou réfection de voie. En cause, des budgets souvent contraints en matière de déplacements doux.

A Grand Poitiers, le dernier budget a alloué 34,4M€ aux mobilités, quelles qu’elles soient. Le prochain est en cours de réflexion mais la feuille de route de la collectivité, élaborée à partir d’une enquête réalisée auprès des 40 communes (37 ont répondu), ambitionne, entre autres, de « développer les itinéraires cyclables, en traitant les discontinuités sur Grand Poitiers », note Frankie Angebault, vice-président aux Mobilités. Certains aménagements ont d’ores et déjà été fléchés, « entre Sèvres-Anxaumont et Saint-Julien-l’Ars, le bourg de Montamisé et la Germonière, à Celle-l’Evescault… » Le coût avoisine les 850 000€. Parallèlement, à Poitiers, les travaux de pérennisation de la voie Malraux ont lieu cette semaine et les projets de la rue du Faubourg-du-Pont-Neuf et de liaison Poitiers-Futuroscope suivent leur cours.

A Châtellerault, les aménagements cyclables fleurissent au gré des travaux de voirie, sous la forme de bandes cyclables (avenue Ripault, rue Foch…) mais aussi de zones 30 (comme avenue Treuille) ou de voie verte sur l’ancien chemin de halage. Grand Châtellerault a aussi son service de location de VAE, Vélibleu, mais les itinéraires cyclables ici et là restent morcelés.

« Apprendre à partager la route »

Piste ou bande cyclable, voie verte, double sens cyclable, zone 30 ou voie de bus partagée… «Inaugurer des voies cyclables, c’est bien, mais il faut les entretenir »,  lance Stéphane Culot. Le cycliste invétéré se heurte régulièrement à des obstacles, des racines qui soulèvent le bitume… « Par endroit, c’est praticable en VTT, et encore, à condition de bien tenir le guidon ! C’est extrêmement dangereux. » Membre historique de Vélo Cité 86, il veut voir plus loin, au-delà des infrastructures. « Il faut accepter que les cyclistes ont leur place sur la chaussée, répète-t-il inlassablement. Il faut apprendre à partager la route. »

Des actions de sensibilisation à la pratique du quotidien, comme le challenge Mai à vélo, vont dans ce sens. Grand Poitiers est arrivé 2e des agglos de même strate avec 22 708km parcourus. Résultat : juin s’est également mis aux couleurs de la petite reine (maiavelo.fr).

Mais on est encore loin de rivaliser avec les Pays-Bas. Selon le site geovelo.fr, qui s’appuie sur les données collaboratives d’Open Street Map, la Vienne compterait 532km d’aménagements cyclables, soit à peine 4% des 13 500km de routes du département. Les efforts, essentiellement urbains, sont concentrés sur l’axe Poitiers-Châtellerault. Bonne nouvelle : les chiffres sont passés de 416km en 2019 à 524km en 2020 et 532km aujourd’hui. Ils augmentent donc, mais le braquet reste petit;