Etalement urbain : trouver le bon équilibre

Contre l’étalement urbain à tout va, Grand Poitiers et Poitiers se sont engagés dans une démarche de sobriété foncière. Mais entre enjeux environnementaux, démographiques et économiques, la mise en pratique s’annonce complexe.

Claire Brugier

Le7.info

Plus 1,4% par an d’espaces urbains entre 2009 et 2015 sur le territoire du Scot du Seuil du Poitou, contre 0,8% en moyenne en Nouvelle-Aquitaine. Le rythme d’artificialisation des sols sur Grand Poitiers, Grand Châtellerault, le Haut Poitou et les Vallées du Clain est important. Ici et là des lotissements ou zones d’activité grignotent toujours plus les espaces naturels, agricoles ou forestiers. Tout l’enjeu du nouveau Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Grand Poitiers, ouvert en juin et attendu pour fin 2024, sera donc de « trouver des alternatives à l’étalement urbain », souligne Lisa Belluco, vice-présidente à l’Urbanisme et au Foncier. Et des alternatives susceptibles de faire école. Poitiers et son agglo font en effet partie des sept « Territoires pilotes de sobriété foncière » du programme Action Cœur de ville.

« On va tâtonner », lance humblement l’élue, consciente que le « zéro artificialisation » ne se décrète pas. Non seulement la question de l’étalement urbain mobilise des enjeux pluriels, mais elle doit aussi composer avec des engagements antérieurs. Quid de la sobriété foncière sur une zone comme le parc d’activités Aliénor-d’Aquitaine, à Migné-Auxances 
(200 hectares) ? « L’artificialisation est programmée jusqu’en 2035. Les deux premières tranches, A et B, sont à peu près commercialisées et la D se situe entre l’autoroute et la ligne TGV, note Lisa Belluco. Mais sur la dernière, nous pourrions par exemple privilégier l’installation de maraîchers, en lien avec le programme alimentaire territorial. »

« Construire différemment »

De même, comment limiter le neuf sans impacter la démographie ou l’économie d’une commune ? A Poitiers, des zones ont été pré-identifiées, notamment « le quartier de la gare, pointe Lisa Belluco. L’idée est de le densifier tout en faisant en sorte qu’il reste agréable à vivre. On pourrait par exemple rehausser certains immeubles bas. Le principe est de ne plus construire de logements individuels tout en maintenant une offre diversifiée, comme au Breuil-Mingot, note l’élue. Si on ne veut pas que les prix augmentent, Il faut laisser construire mais différemment. » Et de citer l’éco-quartier des Montgorges.

Dans les communes des première et deuxième couronnes, la pression foncière est similaire. Qui dit constructions, dit nouveaux habitants, donc des clients pour les commerces locaux et des enfants pour les écoles. « La demande foncière est très forte, constate Corine Sauvage, maire de Montamisé où pousse actuellement le quartier du Jeu. Nous avons assez peu de logements vacants, mais en centre-bourg on observe des divisions de parcelles devenues trop grandes à entretenir. Cela permet de densifier le bourg sans empiéter sur des espaces naturels. On essaie de maintenir un équilibre. »

Le secteur du BTP, directement concerné, n’est pas indifférent aux enjeux. « Le neuf représente un pan considérable de notre activité, confirme son président Jérôme Beaujaneau, mais nous ne sommes pas contre le fait de construire différemment. Simplement, il faut un accompagnement public car sur une friche industrielle, déconstruire pour reconstruire augmente les coûts de 12 à 18%, ce n’est pas viable. On peut aussi monter en niveau, en construisant des R+2 ou R+3. Et puis il faut réussir à rendre la réhabilitation plus avantageuse que le neuf. » La première est en hausse de 3,6% mais elle n’équivaut pas encore au second, +22,5% de logements commencés sur douze mois à fin mai.

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