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Dans un contexte où les enjeux sociaux et environnementaux s’affirment, l’entreprise à mission, née de la loi Pacte, pourrait préfigurer l’avenir. Décryptage.
Rentabilité, efficacité, productivité. Et si la raison d’être des entreprises ne se résumait plus uniquement à ces mots en -té ? Pierre Pluviaud en est convaincu. Sa société, Datacampus, spécialisée dans l’hébergement de données (Le 7 n° 532), est l’une des deux « entreprises à mission » de la Vienne, avec Aigle à Ingrandes. La France en compte à ce jour 257 de toutes tailles, des SAS, SARL, entreprises individuelles et autres SA. « Le mouvement est vraiment porté par les petites entreprises. 70% ont moins de 50 salariés », constate Anne Mollet. Et le nombre des « converties » ne cesse de croître, « +25% tous les trimestres depuis plus d’un an », détaille la directrice de la Communauté des entreprises à mission.
Cette nouvelle qualité, introduite par la loi Pacte (2019), offre aux sociétés la possibilité d’inscrire dans leurs statuts une nouvelle raison d’être et d’y ajouter des objectifs sociaux et environnementaux, c’est-à-dire d’afficher noir sur blanc leurs valeurs, au-delà de l’objectif de performance économique et sans tomber dans le « greenwashing ». « C’est un chemin de transformation qui demande du temps », poursuit Anne Mollet. De fait, la concertation, avec les salariés, les partenaires et toutes les parties prenantes, est primordiale pour rédiger une stratégie commune et partagée.
Une démarche volontariste
« A la différence de la RSE (ndlr, Responsabilité sociétale des entreprises), qui peut paraître plus réglementaire et coercitive, l’entreprise à mission traduit une démarche volontaire et volontariste, souligne Arnaud Moyon, expert-comptable et responsable du département développement durable au sein du groupe Y Nexia. C’est très fédérateur. » Seules obligations : « mettre en place un comité de mission, qui peut inclure des salariés, des parties prenantes externes, etc., et un contrôle par un organisme tiers indépendant », précise Pierre Pluviaud. Parallèlement, « les avantages sont multiples, assure le chef d’entreprise. Cela nous permet d’afficher nos valeurs vis-à-vis de nos clients. C’est aussi un atout en matière de recrutement : à l’avenir, la taille du chèque ne va plus suffire, les entreprises qui afficheront leurs valeurs auront un avantage. » L’argument pourrait aussi devenir décisif auprès des financeurs. « Si aujourd’hui être une entreprise à mission permet de se singulariser, dans trois ou quatre ans ce sera un passage obligé, vis-à-vis de la clientèle, des talents…, confirme Arnaud Moyon. On pressent une forte poussée, dans l’industrie, le textile mais aussi l’agro-alimentaire… Partout où il y a des consommacteurs. » Un avis partagé par Pierre Pluviaud : « Même si l’objectif d’une entreprise sera toujours de dégager des bénéfices, à l’avenir il sera préjudiciable de ne pas afficher ses valeurs. »
Plus d’infos sur entreprisesamission.org.
Photo DR Datacampus
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