L'apprentissage pour tremplin

Les métiers du lien continuent d’éprouver des difficultés à recruter. Pour répondre aux besoins, l’apprentissage est un bon compromis. Au centre de formation Saint-Jacques-de-Compostelle, à Poitiers, on forme désormais 100% d’apprentis.

Steve Henot

Le7.info

En cuisine, c’est l’effervescence. Dix apprentis aides à domicile du centre de formation du lycée Saint-Jacquesde-Compostelle s’activent à la préparation de repas -« comme si l’on servait 25 personnes »- sur un thème donné et avec un budget limité (3€ !). Leur travail va être soumis à l’avis d’un jury, selon plusieurs critères : créativité, goût, qualité du service… Pour un peu, on se croirait dans Top Chef ! « Il s’agit de les préparer de manière ludique à l’examen de fin d’année », présente Françoise Bonnier, la responsable pédagogique.

Surtout, l’objectif est d’évaluer la capacité des apprentis à composer des repas de qualité, en toutes circonstances. « Une cuisine traditionnelle et pas chère pour laquelle ils apprennent à tenir compte des régimes des personnes, des produits disponibles et des apports nutritifs et caloriques », développe Denis Bonnier, formateur. C’est en tout cas l’un des prérequis du métier d’auxiliaire de vie, indispensable pour valider la Mention complémentaire d’aide à domicile (MCAD).

Cette année, la formation dispensée au lycée Saint-Jacquesde-Compostelle compte pour la première fois 100% d’apprentis : treize jeunes entre 18 et 30 ans, en voie d’insertion professionnelle ou en quête de qualification. Aide-soignante dans une maison de retraite des Deux-Sèvres, Ingrid y voit un « tremplin » vers la professionnalisation, tout comme Romain, qui travaille depuis un an au Chant du Chail, à Couhé. Pour les employeurs, structures d’aides à domicile ou Ehpad, c’est le moyen de mieux former leurs salariés, sans avoir à se passer de leurs services. « Un échange donnant-donnant », résume Cyril Guillet.

Une filière toujours en tension

Le directeur du centre de formation et son équipe ont dû refuser des demandes. « La crise a permis de révéler des vocations, l’envie chez certains de se mettre au service des autres. » Camille est de ceux-là. Un précédent stage en Ehpad a conforté la jeune femme de 27 ans dans sa volonté de se « rendre utile » auprès des personnes âgées. C’est pourquoi elle est entrée en formation en septembre. « Ce qui m’intéresse le plus, c’est le relationnel. » Malgré ce nouvel élan, la filière des métiers du lien reste sous tension. « Il y a une demande et surtout des besoins », insiste Françoise Bonnier. Selon l’enquête Besoins en main-d’œuvre de Pôle emploi, 680 projets de recrutement d’aides à domicile sont en cours dans la Vienne. Mais 57,4% des besoins exprimés rencontrent des difficultés à recruter. « Cela reste un métier difficile, convient Françoise Bonnier. Le principal frein reste que les personnes ne sont pas souvent mobiles. »

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