La pub enfin réglementée ?

Alors que Migné-Auxances figure dans le palmarès 2021 de la France moche pour ses panneaux publicitaires, Grand Poitiers promet de nouvelles règles. Une enquête publique démarrera début 2022.

Romain Mudrak

Le7.info

Dans la catégorie « Tombé dans le panneau », le prix de la France moche est attribué à… Migné-Auxances. Le 29 octobre dernier, l’association Paysages de France a placé la ville du nord de Poitiers sous les feux de la rampe. « Le jury des Villes et Villages fleuris n’a accordé qu’une pauvre fleur à cette commune qui méritait pourtant d’obtenir, pour son fleurissement publicitaire, les cinq fleurs d’un label qui n’en compte que quatre », ironisent les instigateurs du palmarès 2021. Ni une, ni deux, la maire de Migné Florence Jardin a réagi à travers un communiqué. « Vu l’angle de la photo, c’est vrai, c’est moche ! (...) Pour aller plus loin, la ville de Migné-Auxances avait historiquement mis en œuvre un règlement de publicité limitant à deux axes commerçants la capacité d’implantation : la RN10 et l’avenue de la Loge/rue de Poitiers. Le reste de la commune est totalement protégé. » Avant d’ajouter qu’« aucune règlementation ne permet aujourd’hui d’intervenir pour enrayer le phénomène mis en avant avenue de la Loge ».


Une centaine 
de panneaux visés

C’est justement pour cette raison que Grand Poitiers a élaboré un nouveau règlement local des publicités intercommunal (RLPI). Des arrêtés existaient déjà dans cinq communes (Le 7 n°456). La précédente mandature n’a pas eu le temps de finaliser son propre RLPI. Cette fois, les élus ont profité d’une obligation légale pour élargir ce périmètre et aller « plus loin que le Code de l’Environnement, assure Bernard Peterlongo, vice-président à l’Urbanisme. Nous avons défini sept zones avec des règles différentes selon leurs caractéristiques. D’une manière générale, la taille des panneaux va diminuer ainsi que leur nombre car ils seront plus écartés. » Les imposantes signalétiques sur les terrains privés sont également visées, même si elles appartiennent aux commerçants sur place. Au total, une centaine de structures sont concernées. Par ailleurs, chaque entreprise devra éteindre son enseigne lumineuse une heure avant et après ses horaires d’ouverture. « L’avenue de la Loge va changer d’allure », promet le maire de Saint-Benoît. Mais pas du jour au lendemain car les publicitaires auront deux ans pour se mettre en conformité (six ans pour les enseignes privées), à partir de l’application officielle prévue pour juin 2022. D’ici là, les services de l’Etat devront se prononcer sur le RLPI. Les riverains, les commerçants, les automobilistes et tous ceux qui se sentent concernés par le sujet pourront exprimer leur avis au cours d’une enquête publique, qui doit démarrer début 2022.

« Trop de pub tue la pub, on finit par ne plus les regarder », 
estime de son côté Claude Eidelstein, le maire de Chasseneuil-du-Poitou, où ce « problème de pollution visuelle a été traité dès 1998 ». Revers de la médaille, le RLPI engendrera une baisse des taxes perçues par les communes sur chaque panneau. A Chasseneuil, la perte de recette a été évaluée à 30 000€ par an. Mais la beauté n’a pas de prix.

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