Les Scop ont le vent en poupe

2 000 emplois créés en quatre ans et 36% de nouvelles structures en Nouvelle-Aquitaine... Les sociétés coopératives (Scop) se développent dans tous les secteurs d’activité. Exemples à l’appui.

Arnault Varanne

Le7.info

Un associé = une voix. Plus simple qu’une Scop, on ne fait pas. Ajoutons que les salariés détiennent au moins 51% des voix et 65% des droits de vote. Et que les bénéfices sont reversés équitablement. Le mouvement coopératif ne s’est peut-être jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Même l’avis de gros temps émis avant la crise sanitaire n’a pas freiné sa croissance. Au contraire même... A Châtellerault, Jacky Blondel et Patrick Meyer ont repris l’entreprise FTSR en avril 2021, dans ce format solidaire. La PME châtelleraudaise fondée en 1995 s’est spécialisée dans la formation à la conduite et dispose de deux auto-écoles.

« J’avais déjà créé 2S2V (formation levage, ndlr) sous la forme d’une Scop en 2008, embraie Jacky Blondel. En reprenant FTSR, on s’est posé la question : 
soit créer une holding, soit proposer aux salariés la société coopérative. » A sa grande surprise, neuf des quatorze salariés ont sauté dans le bateau, soit onze associés aujourd’hui. Le dirigeant se réjouit des effets quelques mois plus tard. La PME devrait terminer l’année avec un chiffre d’affaires dépassant le million d’euros, soit « 15 à 20% de plus par rapport à 2020. Ça a mis un coup de boost à la société, on sent un surcroît de motivation et d’investissement. » Deux enseignants et un alternant ont rejoint l’équipe, avec un vrai souci d’horizontalité dans le partage d’infos et la prise de décisions.

« Plus solidaires, 
plus vigilants »

« Ce n’est pas rose tous les jours, mais dans une Scop on est plus solidaires, plus vigilants », estime de son côté Marie-Pierre Baudry, dirigeante d’Atemporelle. La Sarl parthenaisienne a développé une activité d’études archéologiques et historiques, ainsi que d’édition, notamment du Picton.

La PME de neuf associés -dont huit salariés- a franchi le cap coopératif en janvier 2011. 
« Nous étions une association avec une équipe habituée à travailler ensemble, reprend Marie-Pierre Baudry. Nous voulions évoluer et l’idée de Scop s’est imposée. On ne regrette vraiment pas ! » Chez Atemporelle, la gouvernance est nécessairement partagée. « Dans une petite équipe, on échange beaucoup, on partage tout, les gens peuvent s’exprimer ! »
 

En chiffres
La Nouvelle-Aquitaine proactive

La Nouvelle-Aquitaine compte aujourd’hui 402 entreprises coopératives, représentant 7 271 emplois. Dans la Vienne, 37 structures, Scop ou Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) emploient 502 salariés. La Nouvelle-Aquitaine est la région française ayant connu la plus forte progression en quatre ans, avec près de 2 000 nouveaux emplois nets (+ 36%). L’ex-Poitou-Charentes est un terreau particulièrement fertile puisque 45 structures ont vu le jour depuis 2017 (750 salariés), et pas uniquement dans les travaux publics ou le bâtiment. « Cette croissance s’est faite essentiellement sur la transmission d’entreprises, relève Nicolas Picoulet, directeur de l’Union régionale des Scop Poitou-Charentes. Mais il faut souligner qu’aucune reprise n’a eu lieu à la barre du tribunal de commerce, ce qui veut dire que les entreprises étaient en bonne santé. » A signaler que les Scop picto-charentaises emploient entre 7 et... 130 salariés, la moyenne se situant entre 20 et 30.

Décryptage
Les raisons d’un succès

Pas toujours simple de reprendre une entreprise lorsqu’on est seul. Non seulement la charge est lourde, mais il faut en plus disposer d’une enveloppe financière importante, souvent avec le concours d’établissements bancaires. En Scop, la reprise par les salariés contribue à « rassurer les banques, les partenaires, les clients car les collaborateurs connaissent parfaitement leur entreprise », estime Nicolas Picoulet. Un autre argument pèse de tout son poids : le maintien de l’activité économique sur un territoire et une forme de stabilité. Reste ensuite aux associés à organiser la gouvernance sachant que chaque associé dispose d’une voix. SA, Sarl ou SAS, la démocratie et la transparence prévalent. Aux dirigeants... sortis du rang d’assurer la viabilité économique de l’entreprise et de partager le processus de décision.

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