Le théâtre, cette autre langue vivante

Deux enseignantes du collège Gérard-Philipe de Chauvigny mènent un projet innovant autour du théâtre afin de faire sortir l’enseignement des langues des salles de classe. Une initiative aux retombées plurielles.

Claire Brugier

Le7.info

Une langue est un outil de communication. Une lapalissade, me direz-vous ? Malheureusement, les langues dites vivantes restent trop souvent enfermées dans les salles de classe, couchées dans des cahiers sans autre finalité qu’une note ou une appréciation sur un bulletin scolaire. Fortes de ce constat, Céline Jubert et Medea Represa, respectivement professeures d’anglais et d’espagnol au collège Gérard-Philipe de Chauvigny, ont décidé de « sortir les langues vivantes de la salle de cours » pour les emmener vers le théâtre, avec vingt-huit élèves de 3e à leur suite. « La restitution des connaissances n’est pas une fin en soi, note Medea Represa. Le théâtre permet d’accentuer les éléments non linguistiques, de se confronter à un public aussi. » Pas inintéressant dans la perspective de l’oral du brevet, de la présentation du chef-d’œuvre en bac pro, du Grand oral du bac… et bien d’autres situations de la vie courante. « Et comme tout projet artistique, cela peut permettre que des élèves non scolaires se révèlent », complète Céline Jubert.

Autres publics

Avec le soutien de la principale Isabelle Goyault, les deux professeures de langue ont mis en place un projet inédit, pour lequel elles ont dû recueillir l’aval du rectorat, solliciter les partenaires, consolider un budget… Soit un an de préparation.

Les cinq ateliers, qui courent sur une soixantaine d’heures, sont orchestrés par les comédiennes Catherine Hargreaves et Arantxa Ezquerra, en partenariat avec le Méta (Poitiers). Dans la langue maternelle de l’une et l’autre, les élèves travaillent autour du thème de l’adolescence et, avec leur professeure d’arts plastiques Angélique Coirault, ils imaginent les décors et accessoires. « Les objets peuvent nourrir ou étayer ce qui sera dit, note Medea Represa, au même titre que la gestuelle ou les intonations. » Et peu importe que l’on maîtrise ou non les langues de Shakespeare et de Cervantes.

« C’est un projet pluriel, reprend Isabelle Goyault, car il permet de travailler sur les langues, sur la posture, pour se sentir à l’aise avec les autres. De plus, c’est un projet qui rayonne aussi sur le territoire car il touche deux autres publics. » Des rencontres avec les écoliers de CM2 de Jean-Arnault et avec les résidents de l’Ehpad des Emeraudes viennent compléter le dispositif. Avec les premiers, les adolescents travailleront 
« sur le lexique du corps pour que les langues ne soient pas une barrière lorsqu’ils assisteront à la représentation », explique Céline Jubert. Avec les seconds, ils aborderont « les thèmes de l’identité, du passage, des premières fois ».

La restitution, programmée le 2 février, sera ouverte à un public restreint, l’essentiel étant dans le processus de réalisation, 
« collaboratif », insiste la principale. « C’est une autre manière d’apprendre. »

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