De folie et d’amour

Adaptation du roman d’Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles, est un film sur l’amour, la folie, l’amour fou. La vie de Camille et Georges, magistralement interprétés, n’a rien de monotone. Mais à quel prix…

Claire Brugier

Le7.info

Un homme, une femme, un coup de foudre, l’histoire s’annonçait tellement belle entre la fantasque et rayonnante Camille et Georges, bonimenteur et charmeur attachant. Ils partageaient le même goût de la vie, une imagination foisonnante et l’élégance des mots qui embellissent la réalité. De l’amour, de la folie et une chanson comme un refrain, Mr. Bojangles, tous les ingrédients étaient réunis pour tomber au mieux dans une comédie romantique, au pire dans la caricature et le pathos. Il n’en est rien.

Le nouveau film de Régis Roinsard, inspiré du roman éponyme d’Olivier Bourdeaut En attendant Bojangles, est juste une ode à l’amour fou, passionnel et inconditionnel. Virginie Efira et Romain Duris y incarnent avec maestria un couple fusionnel aux prises avec un mal dévorant et implacable. Les dialogues, savoureux, contribuent à la construction de ce monde anti-conformiste et fantaisiste où, dès leur rencontre, Camille -Antoinette pour les intimes- et Georges se reconnaissent, dans lequel ils élèvent leur fils Gary (étonnant Solan Machado-Graner) et où les rejoints de temps à autre l’Ordure, le mécène de leur vie parallèle, un Grégory Gadebois tout en regards.

Camille et Georges se vouvoient, ils dansent, tanguent. Ils marchent sur un fil. Lui le sait, elle perd doucement pied et le spectateur, brinquebalé d’une émotion à une autre, assiste impuissant à ce naufrage. Avec finesse, Régis Roinsard interroge sur la condition humaine, aux confins de la réalité et de l’imaginaire. Il signe un film poétique, à la fois lumineux et sombre, triste et joyeux, bavard et silencieux, intime et éclatant, tendre et violent. Un film oxymore.

Comédie dramatique de Régis Roinsard, avec Virginie Efira, Romain Duris, Solan Machado-Graner, Grégory Gadebois (2h05).

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