Des maisons témoins à Savigny

Un lotissement expérimental de sept à huit maisons sera bientôt construit par Ekidom à Savigny-l’Evescault. L’objectif ? Comparer différents matériaux et modes de construction afin de préparer l’avenir.

Romain Mudrak

Le7.info

C’est ce qu’on appelle un chantier test. Un lotissement un peu particulier devrait sortir de terre à Savigny-L’Evescault à l’horizon 2024 : sept à huit maisons individuelles aux caractéristiques singulières. Ossature bois, isolation en paille, béton de chanvre, équipements techniques simples à l’usage… Pour chacune d’entre elles, un mode de construction différent. Trois logements seront toutefois conçus selon les normes actuelles. « En parallèle, nous allons poser des instruments de mesure dans chaque maison pour pouvoir comparer les performances énergétiques, le comportement des matériaux, l’usure et le confort d’usage pour les occupants », explique Max-Olivier Gaudin, responsable maîtrise d’ouvrage chez Ekidom.

Le bailleur social de Grand Poitiers a sollicité Odéys, le cluster de l’éco-habitat en Nouvelle-Aquitaine, pour capitaliser sur cette expérience, ainsi que la délégation locale de la Fédération française du bâtiment afin de trouver des entreprises capables de mener ce genre de chantiers et de former les artisans si besoin. Par cette démarche, Ekidom lance un véritable signal aux membres des différentes filières locales de matériaux biosourcés. Tous les feux sont au vert. Désormais, cet acteur majeur de la maîtrise d’ouvrage dans la Vienne (12 754 logements sur 39 communes, 170 réalisations livrées ou démarrées en 2002) est ouvert aux nouvelles propositions. « La crise actuelle nous met face à des contraintes d’approvisionnement en coût et en délais, il faut qu’on arrive à construire autrement, reprend Max-Olivier Gaudin. On veut évaluer le côté reproductible à grande échelle de ces modes de construction. » Sans rogner sur le confort des locataires.

« Preuve de concept »

« On ne veut pas d’un bâtiment pilote qu’on laissera pourrir dans un coin mais plutôt une sorte de preuve de concept sur laquelle on pourra capitaliser des connaissances », poursuit David Sinnasse, chef de projet chez Odéys en charge des constructions et aménagements durables. Prix, empreinte carbone, esthétique, rapidité de mise en œuvre, confort… Ces critères seront évalués pour le bailleur social et d’autres promoteurs. Même pour des bâtiments publics. Savez-vous que le restaurant universitaire Champlain sera bientôt doté d’une isolation en paille hachée ? D’ailleurs, la filière paille est sans doute la plus développée en Nouvelle-Aquitaine. Mais le chanvre (lire 
en p. 9) et la terre suivent de près, tout comme l’usage de matériaux issus de déconstruction. Sur le chantier de démolition de la résidence Schuman, aux Couronneries, trente-quatre des quatre-vingt-dix-sept tonnes de déchets vont être revalorisées. 
« On n’est plus sur un désir d’écolo-bobo aux cheveux longs », 
conclut David Sinnasse.

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