Kung-Fu Zohra, le mauvais combat

Pour ne plus subir les coups de son mari et trouver la force de le quitter, une jeune femme s’initie au kung-fu. Entre drame grave et comédie d’action, le dernier film de Mabrouk El Mechri traite le sujet des violences conjugales de la plus mauvaise des manières. A oublier.

Steve Henot

Le7.info

Complices, ils semblaient faits l’un pour l’autre… Mais le comportement d’Omar a changé, après seulement quelques mois de vie commune. Viré de son job, l’homme a sombré dans l’alcool et la dépression, au point de s’en prendre physiquement à Zohra, sa compagne. Six ans ont passé depuis la première gifle, mais rien n’a changé dans le foyer. Alors, pour ne plus avoir à subir la violence de son mari, Zohra décide de suivre des cours de self défense en ligne, puis de s’initier au kung-fu.

Mais quelle mouche a piqué Mabrouk El Mechri ? On savait le réalisateur de JCVD (2008) particulièrement friand de films d’arts martiaux, mais de là à en faire un sur le thème des violences conjugales… L’idée était casse-gueule, le résultat est révoltant. Construit comme un récit d’apprentissage à la Karaté Kid, Kung-Fu Zohra lorgne d’abord et dans sa majeure partie vers le drame intime, avec une certaine gravité. Mais cette tension dramatique, tous ces efforts de nuance entrepris jusque-là sont anéantis par la scène du combat final entre Zohra et son mari, d’une légèreté franchement coupable. Comme si le sujet des violences conjugales pouvait être fun ou « divertissant » à illustrer, même au cinéma… C’est certes bourré de clins d’œil -de Jackie Chan à Bruce Lee- et bien chorégraphié, mais quel message cette séquence de « comédie d’action » envoie à celles et ceux qui n’ont pas les moyens de s’élever face à l’emprise, à la violence de leur conjoint ? Le malaise est d’autant plus grand que ce film est sorti le lendemain de la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars). Pour mener ce combat-là, comme d’autres, pas sûr que ce soit la plus pertinente des propositions…

Drame de Mabrouk El Mechri, avec Sabrina Ouazani, Ramzy Bedia, Eye Haïdara (1h40).

DR

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