Sécheresse : la règle et ses exceptions

La sécheresse continue de menacer les nappes phréatiques et cours d’eau de la Vienne. Depuis début avril, les arrêtés préfectoraux se multiplient pour limiter fortement les usages selon l’état des bassins. Mais des dérogations existent dans de nombreux domaines.

Romain Mudrak

Le7.info

Tout dépend du bassin
En matière de sécheresse, quatre niveaux d’alerte ont été déterminés par arrêté préfectoral : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Tous les mercredis matin, une cellule de veille se réunit à la préfecture pour décortiquer les données transmises par les capteurs sur chacun des vingt-deux bassins de la Vienne. Les agents de l’Office français de la biodiversité et de la fédération de pêche rendent aussi un rapport. A partir de ces éléments, le niveau d’alerte et les volumes d’eau octroyés sont réévalués sur chaque bassin. Une carte actualisée est visible sur le site https://bit.ly/3Maoguu

Dans le jardin

L’arrosage des pelouses et massifs fleuris est désormais complètement interdit sur la plupart des bassins de la Vienne. Idem pour les espaces verts publics, sauf les arbres et arbustes plantés depuis moins d’un an. Seuls les potagers des particuliers peuvent être arrosés mais pas entre 11h et 18h.

Interdit de remplir 
sa piscine sauf…

Les remplissages et remises à niveau des piscines sont désormais interdits sur la plupart des bassins. Mais là aussi, une dérogation existe pour les nouvelles constructions si les travaux ont débuté avant la signature de l’arrêté préfectoral. La déclaration d’ouverture du chantier effectuée en mairie fait foi.

Laver sa voiture 
à l’eau recyclée

Les stations de lavage auto fonctionnent souvent grâce au réseau d’eau potable. Toutefois, dans la Vienne, 90% des car washs recyclent l’eau usagée en circuit fermé. Ceux-là peuvent continuer à tourner. Seuls quelques garages qui proposaient ce service sans être dotés d’un tel dispositif ont dû stopper leur activité. Attention, en niveau d’alerte maximum (crise), l’interdiction devient totale. Evidemment, nettoyer sa voiture à son domicile est impossible dès le niveau 2.

Contrôles et sanctions

Tous les jours, même le week-end, les agents de l’Office français de la biodiversité réalisent des contrôles en même temps qu’ils veillent sur l’état de la ressource en eau pour chaque bassin. Ils sont soutenus dans cette mission par leurs collègues de la Direction départementale des territoires (DTT). Une vigilance accrue est portée selon la situation des bassins. « Les mesures sont très bien respectées par les agriculteurs, malgré les impératifs horaires », 
assure Eric Sigolas, chef de la DDT (lire ci-dessous). Aucune sanction n’a été pas prononcée depuis début avril. Du côté des particuliers, ce sont les forces de l’ordre qui sont chargées de faire respecter les arrêtés. Mais vu l’ampleur de la tâche, les autorités comptent avant tout sur le civisme des habitants.

Agriculture
Cultures dérogatoires

D’une manière générale, l’irrigation est interdite sur les terres situées en niveau de crise 4. Là où la situation est moins dramatique, il est possible d’irriguer avant 11h et après 18h. Il existe par ailleurs une liste de cultures dérogatoires. C’est le cas du maraichage et des melons par exemple. Un éleveur peut continuer à produire du fourrage pour ses propres bêtes. Il est également indispensable de maintenir le développement des semences, histoire d’assurer l’avenir. Quelques cultures expérimentales bénéficient également de dérogations. Sans eau, ces plantes ne peuvent clairement pas résister. « Même en cas d’interdiction totale, il peut y avoir des dérogations au cas par cas sur des volumes limitées, souligne Eric Sigolas, chef de la Direction départementale des territoires. Nous évaluons la situation de chaque bassin semaine après semaine. Même si nous cherchons à l’éviter, il n’est pas exclu que des agriculteurs doivent renoncer à leurs productions. »
Sur la période d’octobre à mars, le déficit en pluviométrie a atteint 45% sur la Vienne. Les nappes phréatiques ne se sont pas rechargées. Et la situation ne s’arrange pas. A noter d’ailleurs que la culture du maïs, souvent incriminée pour ses besoins en eau l'été, a diminué de moitié cette année au profit du tournesol. Le 13 mai, lors d’une conférence de presse organisée à Blaslay, le préfet Jean-Marie Girier expliquait : « On ne connaît pas la pluviométrie des prochaines semaines, on prend des mesures maintenant pour éviter des coupures d’eau potable cet été, c’est le scénario auquel on ne veut pas arriver. » Il n’a pas beaucoup plu depuis.

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