Sommeil : « Le stress joue un grand rôle »

Neurophysiologiste au CHU de Poitiers, le Pr Xavier Drouot sera l’un des invités de la soirée organisée par France Info en partenariat avec Le 7, le 14 juin, au Théâtre-auditorium de Poitiers, autour du sommeil. Pour lui, aucun doute, la crise sanitaire a dégradé la situation dans toutes les catégories d’âge.

Arnault Varanne

Le7.info

Y a-t-il un avant et un après Covid-19 en matière de sommeil ?
« Ce qui est certain, c’est qu’il y a un avant et un pendant crise sanitaire. Les gens ont beaucoup plus mal dormi et les patients se sont « dégradés », qu’ils soient insomniaques ou qu’ils souffrent d’hypersomnie centrale, c’est-à-dire d’un excès de sommeil, de narcolepsie ou de difficultés à se réveiller le matin. Pour beaucoup de Français, le stress joue un grand rôle, pour certains la perte d’un rythme régulier s’est révélée difficile. »

Que disent les dernières études scientifiques sur la qualité et la quantité de sommeil des Français ?
« Elles confirment un dérèglement des habitudes, notamment chez ceux qui avaient déjà des troubles du sommeil. « Nos » insomniaques n’ont pas tous retrouvé leur sommeil d’antan, ils sont plus sensibles à l’actualité... »

Qui dort le plus mal ?
« Les adolescents et les jeunes adultes ont dégusté pendant la pandémie. Leur sommeil a été bouleversé par l’arrêt des cours, l’absence d’examens, des heures de coucher plus tardives, alors qu’ils sont précisément dans une période de transformation. Les phénomènes hormonaux y sont pour beaucoup. Les ados ont envie de se coucher plus tard parce que c’est une façon de s’approprier l’espace de la maison, de s’opposer un peu aux parents... Pour autant, ils ont besoin de plus de sommeil, au moins neuf heures par nuit ! On s’est même demandé si certains n’avaient pas une maladie hypersomniaque. Mais en réalité, non. »

Le centre du sommeil du CHU est-il davantage sollicité ?
« On a eu beaucoup plus de demandes, même si l’activité n’a pas explosé. Un certain nombre de personnes ont encore peur du Covid et de venir à l’hôpital. Cependant, les délais de rendez-vous ont augmenté. »

« Le portable, 
ennemi numéro 1 »

Quelle est la place des écrans dans les troubles 
du sommeil ?
« Le portable est l’ennemi numéro 1 du sommeil et le fait de ne pas se voir pendant la pandémie a accentué le recours aux écrans. Depuis moins d’une dizaine d’années, on sait par le biais d’études que la lumière bleue diffusée par les écrans des téléphones est exactement de la couleur du ciel. C’est précisément celle-là qui indique au cerveau qu’il fait jour. Au-delà, les interactions avec nos congénères font que lorsqu’on envoie un texto ou un mail, inconsciemment on attend une réponse. Le cerveau reste donc en éveil. »

Globalement, quel pourcentage de la population souffre de troubles du sommeil ?
« On estime qu’aujourd’hui plus de 30% de personnes souffrent d’un trouble du sommeil, à des degrés divers évidemment. C’est énorme, sachant que la fatigue engendre de l’irritabilité, des diminutions de performance au travail, des problèmes d’attention... Et la dépression arrive très vite derrière. »

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