Dans la Vienne, les circuits courts marquent le pas

Serait-ce déjà la fin de l’état de grâce ? Plébiscités au début de la crise sanitaire, les magasins de producteurs de la Vienne ont le sentiment d’être boudés ces derniers mois, entre fréquentation réduite et baisse du panier moyen.

Steve Henot

Le7.info

Valérie et Vincent Lebon espéraient profiter de la dynamique suscitée par la pandémie de Covid-19 autour des circuits courts. Mais un an après l’ouverture de Nature au verre, à Migné-Auxances, le frère et la sœur constatent que « le soufflé est retombé ». Leur concept de « vrac, local et zéro déchet » ne s’est pas imposé. 
« L’effet euphorique des débuts était déjà à la baisse à ce moment-là, se souvient Vincent Lebon. Après un bon mois de décembre, c’est beaucoup plus marqué depuis janvier. »


Un constat partagé par plusieurs boutiques de producteurs dans la Vienne. « La tendance s’est dessinée au printemps 2021. Nos six magasins n’étaient pas encore impactés de la même façon, indique Jessica Courtois, chargée de communication de Biocoop Le Pois tout vert, sur Poitiers et Châtellerault. Désormais, ils affichent tous une baisse de fréquentation et du panier moyen. » Aux Plaisirs fermiers de Poitiers-sud, le chiffre d’affaires a reculé de 8 à 10% au premier trimestre. « Le panier moyen n’a pas bougé, mais le nombre de clients a diminué », déplore Sophie Nauleau, associée et éleveuse de bovins à Charroux. L’eau à la Bouche, qui fêtait ses 10 ans d’existence il y a quelques jours, sur la zone de la Demi-lune, observe aussi une activité en recul mais « tout de même mieux qu’avant Covid ».


Pas de péril imminent

A l’échelle du pays, on estime à -15% en moyenne la chute des ventes en circuit court ces derniers mois. Comment l’expliquer ? 
« Les cantines ont rouvert, les gens télétravaillent moins… », 
émet Estelle Fumeron, des Vergers de Chezeau. Le temps des confinements n’a pas suffi à bouleverser durablement les habitudes d’achat. Et puis le contexte a changé. Une crise en a chassé une autre, et la guerre en Ukraine est venue sérieusement comprimer le pouvoir d’achat des Français, rebattant les cartes des priorités. Pour autant, les magasins de producteurs ont encore de la ressource. « Contrairement aux grandes surfaces, on n’a pas d’inflation ni de rupture sur un produit comme l’huile de tournesol, parce qu’on travaille en local », tient à rappeler Vincent Lebon.


La filière, qui subit elle aussi les effets de l’inflation, n’est pas en danger mais la vigilance est de mise. « Les prévisionnels sont sans cesse réactualisés, convient Jessica Courtois. Jusqu’ici, on fait des économies sur les prestataires, pas sur la part salariale. » Benoît Princay, conseiller départemental en charge des circuits courts, estime qu’il y a toujours « une demande de la population » 
pour des produits locaux et de qualité. L’élu en veut pour preuve le succès du Drive fermier 86, qui vient d’ouvrir une antenne à Neuville-de-Poitou. Pas si évident partout, cela dit. « Le nôtre a été très fréquenté durant la crise, mais il a repris son cours normal depuis », observe Sophie Nauleau, pour Plaisirs fermiers.

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