Réserves d'eau : un protocole plus consensuel ?

Le préfet de la Vienne a présenté ce mercredi 12 juillet la deuxième version du protocole du bassin du Clain, avec des engagements plus élevés pour les agriculteurs embarqués dans la construction de trente bassines. Les partenaires ont jusqu'à l'automne pour se prononcer. Début des travaux courant 2023.

Arnault Varanne

Le7.info

Qui est concerné ?
Rés'eau Clain regroupe 153 exploitations agricoles, soit 450 équivalents temps plein (1 200 salariés et saisonniers). 60% sont en polyculture-élevage, soit 37% du total des adhérents aux coopératives de gestion de l'eau du bassin du Clain.

Quel est le projet ?
A son démarrage, en 2013, les agriculteurs tablaient sur 41 réserves de substitution pour un volume de 13 millions de m3. Aujourd'hui, 30 ouvrages sont envisagés en trois tranches, avec 8,9 millions de m3 : 9 dans le Haut-Poitou, 8 dans le Civraisien, 6 dans les Vallées du Clain et, 4 sur le territoire de Grand Poitiers... Les porteurs de projet en font un enjeu de survie des exploitations.

Que contient le protocole ?
A la concertation depuis 2019, le protocole du bassin du Clain a fait l'objet d'observations de la part de nombreux acteurs (Grand Poitiers, la Chambre d'agriculture de la Vienne, Vienne Nature... ), qui n'ont pas signé la "V1" avant le 31 décembre 2021 comme prévu initialement dans le calendrier. Les services de la préfecture, les membres de Rés'eau Clain et l'Association des irrigants de la Vienne (Adiv) ont donc revu leur copie. "Avec des engagements forts et rapides dès la première année", précise le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier. Parmi ceux-là, une baisse de 50% des produits phytosanitaires d'ici 6 ans, 25% à l'horizon de trois ans ; une diminution de 30% des herbicides d'ici 6 ans, ainsi qu'un objectif zéro molécule déclassante sur les périmètres rapprochés des captages. Au-delà, la "V2" induit des engagements à vingt ans contre six au préalable (100km de haies nouvelles), une gouvernance plus partagée au sein du Groupement d'intérêt public, la mise en place de compteurs communicants en open data pour contrôler les volumes... Suffisant pour créer un consensus ? La préfecture donne aux parties prenantes (60 structures) jusqu'à novembre 2022 pour se positionner, délibérer et valider le protocole. "L'objectif est de faire converger tout le monde vers une position commune, même si le consensus à 100% n'existe pas. Mais il n'y aura pas de gagnants ou de perdants", veut croire le préfet. Sachant que le document ne conditionne pas la sortie de terre des bassines. Dans un communiqué intitulé "La pénurie d'eau potable n'est pas une fatalité", Vienne Nature redit son opposition au principe des bassines. Les faibles précipitations de l'hiver et la sécheresse depuis le printemps rendent le débat autour de l'usage de l'eau -en quantité comme en qualité- encore plus accru. 

A quand les premiers coups de pelle ?
Le contrat territorial avec l'Agence de l'eau Loire-Bretagne (42% du financement des réserves) pourrait être signé au cours du premier semestre 2023, les travaux démarrant dans la foulée. Les premières réserves verront sans doute le jour sur le bassin de la Clouère, là où les autorisations administratives ont été accordées en 2017 et ne sont valables que jusqu'à fin... 2023. Nul doute que les opposants voudront retarder l'échéance le plus longtemps possible. Mais le préfet de la Vienne prévient : "Qu'on manifeste, c'est parfaitement légitime. En revanche, on ne peut pas incendier, menacer ou dégrader. Je serai ferme." En août 2021, une pelle mécanique avait été incendiée sur le chantier de fouilles d'une future réserve, sur fond de vives tensions dans les Deux-Sèvres (en photo, la réserve de Mauzé-sur-le-Mignon), épicentre de la contestation à l'échelle nationale avec Bassines non merci à sa tête.

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