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Aéroport : Grand Poitiers esquisse une troisième voie
Catégories : Transports, Développement durable Date : mercredi 13 juillet 2022Entre développement de l’activité commerciale et fermeture de la plateforme, la communauté urbaine estime possible l’exploration d’une troisième voie pour l'aéroport de Poitiers-Biard, études à l’appui.
Huit mois après avoir passé commande de trois études auprès de cabinets indépendants, Grand Poitiers a restitué aujourd’hui une synthèse des données collectées. « Pour objectiver la situation, préparer l’avenir et dépassionner les débats », avance la maire de Poitiers Léonore Moncond’huy. Qu’y apprend-on ? D’abord que sur un panel de 1 002 habitants de Grand Poitiers interrogés par Tryom, 70% prennent l’avion moins d’une fois par an et 95% des voyageurs n’utilisent pas Poitiers-Biard. Seulement 16% affirment l’avoir déjà utilisé. Paradoxalement, les habitants ont « un attachement symbolique important » et plus de la moitié ne savent pas que des fonds publics y sont injectés(*).
« 0,11% de l’économie du département »
Sur le volet purement économique, on apprend par ailleurs que « 67 emplois sont directement affectés à l’exploitation de la plateforme et 183 équivalents temps plein sont liés à son existence dans la Vienne, dixit Gilles Morisseau, vice-président de Grand Poitiers et maire de Biard. Ce qui représente 0,11% de l’économie du département et 2% du tourisme. » Autrement dit, Grand Poitiers s’interroge sur la nécessité de mettre 20M€ de subventions publiques d’ici 2030 dans un aéroport « qui n’a jamais atteint ses objectifs de fréquentation », rappelle la présidente de Grand Poitiers Florence Jardin. Ni l’ouverture de nouvelles lignes (Barcelone, Edimbourg), ni la reprise du trafic (26 240 passagers en 2021, 41 779 de mai 2021 à mai 2022) ne convainquent les élus de Grand Poitiers de poursuivre le modèle actuel. D’autant que la hausse du coût des carburants et la fin des aides au fonctionnement -975 000€ versés à Ryanair en 2022-, décrétée par l’Union européenne à l’horizon 2024, laissent planer le doute sur l’avenir des aéroports régionaux. Sans compter la fin de l’Obligation de service public entre La Rochelle, Poitiers et Lyon, une ligne assurée par Chalair à raison de 5 allers-retours par semaine contre 11 auparavant. Le Covid est passé par là. La compagnie française semble en grande difficulté et a demandé et obtenu une rallonge supplémentaire de 700 000€ en 2021. Le SMAPB a versé 171 000€ sur ses fonds propres.
A fond sur l’avion électrique
Face à cette équation à plusieurs inconnues, la communauté urbaine veut « agir, anticiper pour ne pas subir » (Léonore Moncond’huy). « Sa » troisième voie passe par un aéroport « plus sobre et innovant dans ses usages ». Tout en maintenant les vols sanitaires, d’affaires, des activités de maintenance et de l’aéroclub, le cabinet Vertigo Lab préconise de développer les vols à la demande et de recentrer le trafic sur les déplacements inter-régions. De manière encore plus prospective, Grand Poitiers envisage de « faire de Poitiers-Biard un laboratoire expérimental de l’aviation de demain » et de promouvoir l’utilisation de l’avion électrique. De Toussus-le-Noble à Brétigny-sur-Orge, en passant par Jonzac ou Angoulême, la collectivité s’appuie sur de nombreux exemples et veut, dès septembre 2023, accélérer les discussions avec le Département. « Au moins sur le plus petit dénominateur commun », reconnaît Florence Jardin. C’est peu dire que Grand Poitiers et le Département ne partagent pas la même philosophie.
(*)1,4M€ du Département, 770 000€ de Grand Poitiers par an.
Froissés par l'initiative de Grand Poitiers, les élus départementaux qui siègent au syndicat mixte de l'aéroport de Poitiers-Biard (SMAPB) ont pris acte des conclusions des études commandées par la communauté urbaine... mais ne rejoignent leurs collègues que sur « l’évolution vers la sobriété environnementale et l’implantation d’entreprises du secteur créatrices d’emplois ». Pour le reste, le président du Département se félicite des « bons taux de fréquentation de l'aéroport » qui « confirment la reprise » du trafic. Le président du SMAPB insiste au-delà sur le respect des engagements avec le délégataire Sealar et s'inquiète de « la communication négative auprès des personnes et des habitants de la Vienne dans une période [...] où nous devons fédérer pour avancer ».
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