Stephen Delcourt sur le Tour de France Femmes : « Le bilan est hyper positif »

A l'issue d'une semaine de course où son équipe a joué les premiers rôles, Stephen Delcourt dresse le bilan de ce premier Tour de France Femmes de l'ère professionnelle. Et le manager de la FDJ Suez Futuroscope se projette déjà, avec appétit, sur la prochaine édition de la Grande Boucle.

Steve Henot

Le7.info

Stephen, quel bilan tirez-vous de votre participation à ce Tour de France Femmes 2022 ?
« Au-delà de l'équipe, tout le monde a été épaté par le monde présent sur le bord des routes, la course a été diffusée partout dans le monde... Ca nous a rappelé que le Tour a un pouvoir de séduction unique. Après, en ce qui nous concerne, le bilan est hyper positif. On voulait être acteur et, malgré le malheur du lundi, on a marqué l'histoire de ce Tour : on remporte une étape (photo), on fait 2e la suivante3e sur la première étape de montagne et on signe un double Top 10 au général, même si ce n'était pas l'objectif de départ. Même aujourd'hui (dimanche, ndlr), on a pris des risques, on a tenté... On a tout donné et nous devons en être fiers. Après, c'était van Vleuten contre van Vleuten. (...) On a fait un mois de juillet exceptionnel, au cours duquel un collectif s'est révélé. Même en changeant l'effectif par rapport au Giro, on est encore au rendez-vous. Et au classement par équipes, on est 2e, devant toutes les grosses écuries budgétaires... C'est pas mal pour nous qui restons une petite équipe familiale. »

Qu'est-ce qui a manqué à Cecilie Uttrup Ludwig, dimanche, pour pouvoir au moins rester dans le Top 5 du général ?
« Cecilie a encore prouvé tout au long de ce Tour qu'elle était l'une des meilleures coureuses au monde. Les jambes ont bien répondu mais sur un Grand Tour, il faut surperformer sur plusieurs jours. Et aujourd'hui, elle n'a pas surperformé, même si elle s'est accroché pour limiter l'écart et tout de même arriver 8e. Il ne faut pas oublier que sans sa chute du lundi, elle termine le Tour avec 1'38'' d'écart en moins (elle serait alors 4e, ndlr). Mais avec des si, on pourrait refaire le monde. »

 « Après qu'on a quitté la Super Planche des Belles Filles, ma première pensée a été : "Ah, vivement que ça recommence !" »

Après l'avoir éprouvé une semaine durant, quels enseignements retenez-vous de ce format ?
« Déjà, qu'on a eu le plus bel événement que l'on pouvait avoir. Je pense qu'A.S.O. (l'association organisatrice du Tour, ndlr) a été bluffée par la performance de nos filles. Cela va permettre de se remettre en question pour grandir, pour que notre sport continue de se développer. Personnellement, je suis convaincu qu'il faut passer à sept coureuses (au lieu de six) et à deux voitures de directeurs sportifs (contre une). C'est vrai qu'on a très vite vu un groupe d'une trentaine de coureuses se détacher dès les premières étapes. Certaines équipes n'ont pas existé sur ce Tour et c'est dommage. A contrario, des équipes invitées se sont sublimées et montré qu'elles avaient leur place, comme Saint-Michel Aubert 93. On a tous été contents de voir Coralie Demay aux avants-postes, prendre des initatives à plusieurs reprises. Pour une non-grimpeuse, c'est exceptionnel ce qu'elle a fait (24e, à 35'31 du maillot jaune), on est ravi pour elle. Mais il faut nous laisser le temps pour avoir une course plus homogène. »

Cette première édition a aussi été marquée par plusieurs chutes spectaculaires. Comment expliquez-vous cette nervosité dans le peloton ? 
« C'était le premier Tour et beaucoup de filles avaient à coeur de se montrer, c'est normal. Il y avait aussi eu des chutes sur le premier Paris-Roubaix, avant que la deuxième édition se montre beaucoup moins tendue. On ne peut pas entendre qu'il y a plus de chutes dans le cyclisme féminin que chez les hommes, ce n'est pas vrai. Ces remarques ne proviennent que d'une poignée de détracteurs qui ne connaissent pas notre sport. »

Le Tour désormais achevé, quel sentiment prédomine ?
 « Après qu'on a quitté la Super Planche des Belles Filles, ma première pensée a été : "Ah, vivement que ça recommence !". Toutes les paroles, tous les encouragements qu'on a entendus pendant une semaine nous donnent l'envie de vite y retourner. Avec, je l'espère, un contre-la-montre et une nouvelle montée mythique. On est à un peu plus de 350 jours de la prochaine édition, on va déjà commencer à s'y préparer, comme on avait anticipé celle-ci. Il faudra encore que l'on innove, que l'on corrige nos points faibles -parce qu'il y en a eu- pour continuer à avoir un coup d'avance. On vient de boucler nos deux principales parties de saisons, qu'on peut déjà qualifier de réussies. Il nous reste comme objectif la Vuelta (du 7 au 11 septembre, ndlr), qui se court sur cinq jours. Depuis le début de la saison, l'équipe a répondu présent et on aspire à consolider un collectif de classiques et de grands Tours dans le futur. »

DR - A.S.O./Thomas Maheux

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