Moteurs de 
la solidarité

Les seniors constituent la grande majorité des bénéficiaires du transport solidaire. Au-delà de son aspect pratique, le dispositif est un vecteur de lien social.

Claire Brugier

Le7.info

« J’espère que vous n’allez pas trouver de maison à Agen ! » 
plaisante Claude à l’adresse de son chauffeur bénévole du jour. Thierry n’est plus un inconnu pour la septuagénaire, visiblement en confiance. 
« J’ai commencé à faire appel au transport solidaire au début de la crise Covid. J’appréhendais un peu la première fois. Après, non. » L’institutrice en retraite est désormais une habituée de la plateforme mise en place par le CIF-SP dans près de 
90 communes de la Vienne et des Deux-Sèvres. « Je suis déficiente visuelle, j’ai interdiction de prendre le volant », reprend la Fontenoise. Ce jour-là, elle vise une grande enseigne d’articles de sport de la zone commerciale de Poitiers-Sud. « J’ai reçu un bon d’achat et j’ai besoin de baskets », confie-t-elle. « Prenez votre temps, regardez les rayons ! » lui lance Thierry. L’ancien ingénieur sécurité met un point d’honneur à ne pas presser ses passagers ou passagères. « Pendant vingt-cinq ans, j’ai pris le TGV matin et soir pour Paris. Là je prends le temps de vivre et de respirer ! Je consacre du temps car on a des aînés, il est important de penser aussi à eux. »

Contre l’isolement

Les seniors représentent de fait la grande majorité des bénéficiaires. « Et les demandes ne font que croître », souligne Mathieu Billaud, coordinateur mobilité de Vienne Moulière solidarité (VMS). L’association qui œuvre sur l’est de Grand Poitiers est passée de 133 bénéficiaires en 2020 à 225 en 2021. Du côté du CIF-SP, 
« nous avons actuellement 250 chauffeurs pour environ un millier de bénéficiaires, note la directrice-adjointe Thérèse Devillers. Cela a explosé après les confinements car les petites et moyennes communes ont découvert que cela correspondait à des besoins structurels. » Pour pouvoir répondre à toutes les situations, le CIF-SP et VMS disposent chacun d’un véhicule adapté aux personnes à mobilité réduite.

Si les demandes ont majoritairement trait à l’accès aux soins (entre 60 et 70%) et beaucoup aux courses (20%), « le transport solidaire sert aussi pour les loisirs, rendre visite à de la famille, aller à la gare… », remarque Mathieu Billaud. « On essaie d’ailleurs de l’encourager afin de favoriser la vie sociale des personnes, complète Thérèse Devillers. Et puis il nous permet aussi de repérer les personnes isolées. »

Les chauffeurs bénévoles sont défrayés pour les kilomètres parcourus depuis leur domicile. Quant au temps passé, il est généreusement offert. « La majorité des chauffeurs sont aussi des accompagnateurs, souligne Thérèse Devillers, cela se fait naturellement. »

(*) D’autres initiatives existent sur le département, recensées sur mobivienne.fr, « se déplacer », 
« transport solidaire ».

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