Un mycologue curieux de nature

Enfant, Christian Deconchat a d’abord recherché les comestibles. Puis le Baillargeois d’adoption s’est intéressé à tous les champignons. Au nom de la Société mycologique du Poitou, il distille aujourd’hui ses précieuses observations à tous les cueilleurs.

Claire Brugier

Le7.info

Deux tréteaux, une planche, un projecteur, quelques fioles de réactifs macro-chimiques, une double-loupe qu’il porte autour du cou et son « Mémo-myco » 
personnel, Christian Deconchat est prêt. Chaque lundi, de 17h à 20h, le passionné s’installe dans son garage pour répondre gratuitement aux questions des cueilleurs de champignons perplexes. Lui côtoie les cèpes, lépiotes et autres chanterelles 
« depuis plus d’un demi-siècle ! ». 
Originaire de Saint-Sulpice-les-Feuilles, dans le Limousin, le Baillargeois d’adoption n’a jamais cessé de fréquenter la nature, ses plantes, ses oiseaux, ses reptiles, ses insectes, ses chats forestiers… Il en a même fait son métier en devenant technicien forestier.

« Dès l’âge de 6 ans, j’ai commencé à ramasser des châtaignes, des champignons… J’avais 8 ou 9 ans quand nous avons déménagé à Limoges, mais toutes les vacances scolaires, je les passais dans la maison de famille. Les colonies de vacances de Pierre Perret, je n’ai pas connu !, plaisante-t-il, sans regret. J’ai d’abord découvert les champignons par le côté gastronomique. Il y avait les comestibles, et tous les autres on me disait que c’était poison ! »

Au fil des années, Christian a fait connaissance avec ces autres. 
« A l’époque il n’y avait pas autant de livres sur la question, ni Internet, ni association de mycologie ! » Juste le Maublanc, « la Bible des pharmaciens », et quelques rares ouvrages.

« Le détail qui tue »

Aujourd’hui, le membre de la Société mycologique du Poitou a toute une collection de livres et encyclopédies sur le sujet, dont un signé… Christian Deconchat. Sa familiarité avec la chose mycologique n’empêche pas de « toujours prendre le temps de l’authentification » pour éviter « le détail qui tue ». Au sens propre. « Comme disait Coluche, tous les champignons sont comestibles, certains une fois seulement. » Selon le spécialiste, il existe trop de critères pour faire entièrement confiance aux applis. « L’odeur, l’endroit où le champignon pousse (sous un résineux, un chêne…), comment (seul ou en touffe), sa forme, sa couleur… » La liste est longue, sans compter des éléments microscopiques comme les spores, filaments… Et tout ce que la biologie moléculaire a révélé. « Les champignons, c’est la ligne d’horizon. On la voit proche, on croit l’atteindre mais elle s’éloigne tout le temps, note-t-il. En une quarantaine d’années, la Société mycologie du Poitou a recensé plus de trois mille espèces à l’échelle du département, ce qui est loin de représenter toute la fonge de la Vienne. » Lui ne se lasse pas de les identifier. « Le seul champignon que je ne laisserais pas passer loin de la casserole, c’est l’oronge (ndlr, ou amanite des Césars). La légende veut qu’au temps de Romains, on risquait moins de se faire attaquer si l’on transportait des lingots d’or que des oronges. »

Permanences d’aide à la détermination des champignons, tous les lundis jusqu’au 26 novembre, de 17h30 à 20h, 1, route de Poitiers, à Saint-Georges-les-Baillargeaux. A noter que cette année le congrès de la Société de mycologique de France a lieu du 24 au 29 octobre à Poitiers (événement non public).

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