Le diagnostic par lames virtuelles

Exit les microscopes ! Le service d’anatomie pathologique du CHU de Poitiers va progressivement les remplacer par des scanners à haute résolution. De quoi associer l’intelligence artificielle à la détection des cellules malades et communiquer plus facilement entre spécialistes.

Romain Mudrak

Le7.info

Une révolution est en marche au sein du service d’anatomie et cytologie pathologique (Anapath) du CHU de Poitiers. Pendant plus de trois cents ans, seul le microscope a été utilisé pour observer les cellules et les tissus et tenter de détecter un début de cancer ou de maladie inflammatoire. Aujourd’hui, un scanner est en mesure de réaliser des images à haute résolution dans ce but. C’est le projet e-NovaPath. Imaginez... Un prélèvement descend du bloc opératoire, il est identifié, enregistré puis, après quelques étapes complémentaires, il est posé sur une lame transparente, les mêmes que celles des microscopes. Sauf que cette fois, elles sont numérisées avec un niveau de définition ultra-fin. Le scanner peut aussi prendre des photos en immunofluorescence, une technique qui vise à faire apparaître la présence de certaines protéines.

Diagnostic facilité

Grâce à cette technologie, il devient possible de sélectionner une zone sur la lame, de la mesurer et l’annoter. Mais ce n’est pas tout. « D’une part, l’intelligence artificielle va nous offrir une lecture accélérée des images et une aide au diagnostic, d’autre part, nous allons pouvoir transmettre les images si besoin », explique le Dr Olivier Renaud, praticien hospitalier en Anapath. Les échanges entre médecins des CHU de Poitiers, Bordeaux et Limoges vont se multiplier. « Lorsque le diagnostic s’avère difficile, il est utile de demander l’avis d’un confrère. Nous poussons toujours plus loin la compréhension des lames, chaque praticien a tendance à se spécialiser dans une discipline. » Lui-même est expert en gynécologie. Grâce à la fibre noire, une connexion évolutive à ultra-haut débit, un technicien pourra « faire une lame » à Châtellerault qui sera lue immédiatement à Poitiers ou sur le site le plus approprié. Une façon d’améliorer l’égalité d’accès aux soins sur tous les territoires. L’Institut Bergonié (lutte contre le cancer), le CHU de Papeete et d’autres sont sur les rangs.

Les trois scanners en cours d’installation à Poitiers représente un investissement d’environ 1M€. Les images d’un à deux giga-octets chacune ne seront stockées que trois mois dans un datacenter régional, contre dix ans pour les lames. Ce « patrimoine 
numérique » contribuera à enrichir l’intelligence artificielle. Le microscope sera-t-il 
totalement abandonné ? Pas tout à fait ! D’abord, un scanner peut toujours tomber en panne… Mais surtout, le microscope reste pour l’instant plus rapide et plus pratique pour un examen extemporané, autrement dit une analyse rapide d’un échantillon au bloc.

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