Quartier de la gare : un si long tunnel

A Poitiers, la suppression du tunnel de la gare focalise toute l’attention. Mais la réhabilitation du quartier engendre des changements beaucoup plus larges. Ce projet, qui s’inscrit dans un temps long, devra surmonter pas mal d’obstacles.

Romain Mudrak

Le7.info

Annoncée depuis plusieurs années, la réhabilitation du quartier de la gare à Poitiers entre dans une nouvelle phase plus concrète. Vendredi dernier, les élus de Grand Poitiers ont adopté le « plan-guide », autrement dit le cadrage politique d’un projet à quinze ans. Une première enveloppe budgétaire de 28M€ d’ici 2026 a été entérinée dans la programmation pluriannuelle d’investissements, à raison de 17M€ pour Grand Poitiers et 11M€ pour la Ville.

Trois axes stratégiques ont été définis : « la refonte des mobilités », la « renaturation de la Boivre » et la « cohabitation des usages » entre logements 
« accessibles à tous », commerces, services du quotidien et bureaux pour des activités tertiaires. Les détails de ce projet structurant, à la hauteur de Cœur d’agglo en 2010, sont nombreux. D’ores et déjà, on peut annoncer des changements de grande ampleur au niveau de la voirie. Le boulevard du Grand- Cerf entre la porte de Paris et Pont-Achard a vocation à être entièrement revu. Le principe ? 
Créer une piste cyclable à double sens, séparée d’une double voie réservée aux voitures et aux bus par une bande arborée continue. Les piétons disposeront de larges trottoirs de chaque côté de la rue (voir ci-contre).

« Le tunnel 
ne sert pas la gare »

La suppression actée du tunnel de la gare fait d’ores et déjà couler beaucoup d’encre. Selon Sylvie Aubert, vice-présidente aux Mobilités, cet équipement « ancien qui ne sert ni la gare, ni le quartier, n’est qu’un outil de transit pour émettre plus de gaz à effet de serre ». L’objectif ? Réduire les flux et les détourner vers les boulevards circulaires. « Comptages et reports ont été projetés, on n’est pas parti à l’aveuglette. » Pas de quoi toutefois rassurer les opposants qui rappellent l’épisode du Pont-Neuf.

« Limiter l’envolée 
des prix »

Grand Poitiers s’est entouré de plusieurs cabinets de conseil pour élaborer ce plan. De nombreuses réunions ont aussi été organisées avec les partenaires institutionnels, acteurs économiques et associatifs du quartier. Parmi les autres points saillants, figure l’agrandissement de la seconde entrée à la gare par la rue Maillochon, avec un élargissement de la passerelle piétonne, en accord avec le SNCF. Une façon de détourner une partie de la circulation à l’ouest, où un nouveau parking à étages (en silo) sera construit sur le terrain de La Poste.

Dans le futur, on pourra se promener au bord de la Boivre, dans des espaces de biodiversité. Entre les constructions neuves et la rénovation, le potentiel serait de 30 000m2 de bureaux et 25 000m2 pour l’habitat. Mais encore faudra-t-il récupérer les terrains actuellement occupés par des propriétaires privés… « Lorsqu’un tel projet apparaît, tous deviennent vendeurs, l’enjeu est plutôt de limiter l’envolée des prix », estime Aloïs Gaborit, vice-président à l’Urbanisme qui assure être en contact avec plusieurs promoteurs. De quoi gagner un temps précieux ? 
En attendant, le premier changement visible interviendra l’été prochain avec la transformation du 5e étage du parking Toumaï 
« sous-utilisé » en place publique, suivie de l’installation dans le quartier du siège de la Mission locale et de la Maison du jeu.

Une porte d’entrée sur Grand Poitiers ?
Le débat s’est concentré vendredi sur l’intérêt communautaire de ce quartier, certains élus estimant que seul Poitiers allait tirer bénéfice de ce chantier. « Oui ce quartier est moche, mais d’autres communes ont également des bourgs moches que les maires aimeraient améliorer, a relevé Christophe Chappet, maire de Saint-Sauvant. « Le quartier de la gare est une porte d’entrée sur Grand Poitiers, a rétorqué Florence Jardin. Il doit être le reflet d’un territoire où il faut bon vivre. Si ce quartier rayonne, l’ensemble de nos communes rayonnent. » De son côté, Gérard Benoist, maire de La Puye, « également porte d’entrée de Grand Poitiers par l’est », a voté pour ce projet « à condition qu’il reste de l’argent pour nos centres-bourgs ». Si la gare est un atout pour lui, il souhaite « que tous les atouts soient mis sur la table ».

À lire aussi ...