La confusion du « ON »

La médiation revient cette saison dans nos colonnes sous la plume de Séverine Hay.

Le7.info

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« - Comment vas-tu ? »

- « Bien, mais qu’est-ce qu’ON a tous hâte de changer de saison pour aller mieux. »
- 
« Ha, non au contraire, moi qui adore l’hiver, je n’ai pas hâte du tout. »

- « Evidemment, tu te distingues encore en ne pensant pas comme la majorité ! »

- « Voilà Madame la médiateure, c’est ce genre de communication désagréable que je ne supporte vraiment plus ! »

Et vous, vous arrive-t-il de constater ce « ON » ou vous-même de l’utiliser par moment à la place de « JE » ? 
Ce pronom « ON » a effectivement une place cruciale dans notre langue. Il fait partie de réflexes sémantiques et de syntaxe. Dans la façon d’interagir avec les autres, le médiateur professionnel y prête une attention particulière, tant son usage peut éclairer sur le mode de fonctionnement relationnel et la perception des choses.

En prenant en effet cette forme 
« impersonnelle », l’expression par « ON » donne des renseignements sur la relation qu’entretient la personne avec ce qu’elle est en train de dire. Elle peut parfois illustrer une prédisposition conflictuelle dénommée en médiation professionnelle : confusion identitaire.

Il s’agit alors d’attribuer à autrui ses propres pensées ou stratégies, avec la conviction de pouvoir 
« revendiquer » de manière certaine la pensée d’un ensemble de personnes ou de pouvoir s’y confondre. Dès lors que ce pronom « dépersonnalise », il ne permet plus d’identifier avec certitude les personnes impliquées par le propos. Or, dans une relation nécessitant de prévenir ou résoudre un malentendu, un conflit, il est important que chacun utilise le pronom « JE » pour parler de soi sans amalgame. Il devient délicat de ne pas « prendre pour soi ce qui n’est pas soi ». 
En nous identifiant au préalable à une pensée, une entreprise, une propriété, un animal, une personne, nous risquons, emportés par des émotions, de nous confondre entre ce qui nous constitue réellement et ce qui est extérieur à nous-même. Et dans ce cas-là « ON… n’est pas sorti de l’auberge ! »

contact@severinehay.fr 
ou 09 83 97 79 27.


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