Les agriculteurs, 
ces usagers de la route

C’est une première en Nouvelle-Aquitaine et elle se déroule au centre Centaure de Chasseneuil-du-Poitou. Des agriculteurs y suivent une session de formation pour mieux appréhender les risques routiers.

Arnault Varanne

Le7.info

Il est le premier à s’en étonner. Nathan Retailleau a 19 ans et le fils d’entrepreneur de travaux agricoles trouve « étonnant que le permis ne soit pas encore obligatoire » pour conduire un tracteur, a fortiori sur la route. « Quand je vois certains jeunes de 16-17 ans qui font les saisons et circulent avec des chargements de paille... C’est limite dangereux. » Mi-février, le futur conducteur de travaux dans l’agriculture a consacré une journée à se former aux risques routiers, dans les locaux et sur les pistes aménagées du centre Centaure de Groupama, à Chasseneuil-du-Poitou. Une première en Nouvelle-Aquitaine avec une dizaine de stagiaires des Deux-Sèvres, de Charente, de l’Indre, de la Vienne... « On estime qu’au niveau national, environ un millier d’accidents ont eu lieu en cinq ans avec des engins agricoles, dont 20% ont entraîné un décès », appuie Pauline Bourvis, chargée de communication de Groupama. Rien que dans la Vienne, deux morts ont été recensés en 2022.

De la prévention

L’assureur numéro 1 du monde agricole juge donc nécessaire de rappeler les règles théoriques et de mettre en situation les exploitants ou leurs salariés, dans une période où ils ont plus de temps. Acquérir les bons réflexes s’apprend, d’autant qu’un accident de tracteur peut engendrer « entre 500 000 et 1M€ de pertes ». « On leur fait à la fois réaliser des manœuvres mais aussi des évitements avec une adhérence proche du verglas, développe Christophe Tolochard, formateur au centre Centaure. A 35km/h, il faut au minimum une trentaine de mètres pour s’arrêter. Mais un tracteur ne freine pas comme un véhicule traditionnel, il y a des précautions à prendre, surtout s’il est attelé. » A ces précautions, il faut ajouter le partage de la route, de plus en plus compliqué.

Partage de la route 
et éco-conduite

Là-dessus, chaque stagiaire a une anecdote à raconter, un mauvais souvenir de cohabitation voire une grosse frayeur. « Il faut toujours se poser la question de savoir si les autres usagers m’ont vu. Après, certaines infrastructures ne facilitent pas forcément la vie des agriculteurs, des dos d’âne, rétrécissements... Et puis, il faut bien l’avouer, abonde le formateur, lorsqu’on suit un engin, on n’a qu’une envie, c’est de le dépasser, parfois en prenant des risques. » Ce que peuvent en revanche maîtriser les agriculteurs, c’est leur consommation de carburant. Un tracteur nécessite au minimum vingt litres -et jusqu’à quarante- de gazole non routier à l’heure. Avec l’éco-conduite, on peut gagner deux litres à l’heure. Et ça aussi, ça s’apprend. « Au prix du GNR, c’est important », admet Nathan Retailleau, pas mécontent d’avoir (re)vu quelques fondamentaux de son futur métier l’espace d’une journée.

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