Industrie - Antoine Achard : « Sept emplois sur dix 
dépendent de grands groupes »

Chef de projets mutations économiques pour la Région Nouvelle-Aquitaine, Antoine Achard est au mitan de sa mission dans l’agglomération châtelleraudaise. Il porte un regard lucide sur l’état de santé du bassin industriel.

Arnault Varanne

Le7.info

Comment qualifieriez-vous la situation économique sur l’agglo de Châtellerault ?

« Il y a des signaux positifs, comme la relocalisation d’une partie de l'activité chez Marelli (cf. page 11), même si jusque-là l’entreprise est toujours en activité partielle de longue durée. Chez Thalès, on parle bien d’un maintien d’emploi, avec une recherche de profils d’ingénieurs dont nous ne disposons pas beaucoup ici. L’extension de l’usine Danisco a été une réussite l’année dernière. Globalement, les chefs d’entreprise ont été résilients après la crise sanitaire. Il n’en reste pas moins que sept emplois sur dix dépendent de grands groupes et qu’il n’y a pas d’entreprises de taille intermédiaire. »

Le tableau est donc plus nuancé au-delà des entreprises qui se développent...

« Le bassin industriel châtelleraudais a perdu 800 emplois en un an et demi, avec la fermeture des deux fonderies (600) et le plan social chez Mecafi (200), cela fait une perte d’environ 10% sur un total de 8 800 emplois. C’est d’ailleurs ce qui justifie que Châtellerault a été choisie par la Région pour intégrer le dispositif Cadet, de soutien aux territoires en difficulté. Le taux de chômage n’est plus la seule donnée à regarder, il est par ailleurs plus élevé ici que dans la Vienne ou à l’échelle régionale. »

La Région et Grand Châtellerault ont signé une feuille de route avec une stratégie à la clé mi-2022. Que contient-elle ?

« Elle comporte cinq axes : accompagner les entreprises, promouvoir la création-reprise-transmission, accueillir des activités économiques sur le territoire, orienter et former pour l’emploi et accélérer la stratégie de transition environnementale et énergétique. A titre personnel, ma mission s’étale sur trois ans, il me reste donc un peu plus d’un an. C’est un travail conjoint avec les équipes de l’agglo, les chambres consulaires et l’Etat. Nous devrions transformer quelques implantations de PME cette année. »

Quel est le principal atout 
du bassin châtelleraudais par rapport à d’autres territoires ?

« Le volontarisme compte mais ne fait pas forcément pencher la balance à l’heure des choix. L’implantation d’entreprises reste aléatoire. Mais pour être allé un peu partout en France, je dirais qu’un élément est à mettre au crédit de l’agglomération, c’est son foncier. Une étude réalisée dans le cadre du Scot (schéma de cohérence territoriale) a recensé soixante-dix friches avec le détail des parcelles, de l’état des bâtiments... C’est une vraie chance. Reste à savoir quelle maîtrise on se donne, quelle stratégie cohérente on met en place parcelle par parcelle. Des étudiants en géographie planchent sur des scénarios crédibles de reconquête du foncier. »

Quid de la reconquête énergétique ?

« L’agglomération n’est à mon sens pas assez reconnue pour ses projets. C’est l’une des meilleures de la région sur la thématique énergétique. Cela fait dix ans que Châtellerault développe des projets d'énergies renouvelables, réduit ses consommations... »

L’agglomération compte aussi des zones rurales où il est nécessaire de créer de l’activité...

« C’est le sens d’un projet comme celui du futur tiers-lieu d’Archigny porté par Gaëlle Pepin-Le Hennanf, dans l’ancienne laiterie de la commune. Le développement économique doit être global. »

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