La Cavale court après l’élévation

La compagnie poitevine La Cavale peaufine Se faire un présent, une nouvelle pièce chorégraphique sur le thème de l’élévation. Il y est question des émotions et sensations que le partage procure.

Steve Henot

Le7.info

Vendredi 24 février, au plateau B du Tap, encore une intense journée de résidence pour La Cavale. Tour à tour, les danseurs présentent leur 
« signature », un solo destiné à nourrir Se faire un présent, la prochaine pièce chorégraphique de la compagnie poitevine. Cette nouvelle création est la dernière d’un cycle débuté en 2019 autour de l’élévation.


Après le solo Au-delà vu d’ici (2021), Se faire un présent serait le pendant collectif de cette thématique. « Il y est question de donner, recevoir et rendre, présente Eric Fessenmeyer, chorégraphe et co-fondateur de La Cavale. Comment ce que l’on s’offre à partager ensemble peut nous tirer vers le haut, et ce que veut dire « être touché », aussi bien physiquement que figurativement. » Dans cette optique, la compagnie fait de nouveau appel à un dispositif scénique épuré, où le public -jauge maximale à 100 personnes- est assis tout autour de la scène, au plus près des artistes. « On veut essayer d’enlever ce rapport un peu spectaculaire à la danse, précise Julie Coutant, l’autre moitié de La Cavale. Nous sommes des partisans du mouvement, on est dans quelque chose qui s’éprouve et se propage. La danse se ressent et en proximité, c’est une façon de l’apprécier différemment. »


Deux résidences à venir

Sur la scène, les cinq danseurs (Julie Coutant, Jérémy Kouyoumdjian, Johanna Merceron, Camille Revol et Camilo Sarasa Molina) se frôlent, se touchent… Ils sont ponctuellement rejoints dans leurs mouvements par le musicien Brian McCoy, lequel accompagne aussi la pièce avec sa vielle à roue et une guitare électrique. Ce « groupe » s’est constitué au fil de « locus », ces laboratoires de recherche qu’a organisé la compagnie dans des lieux peu habitués à accueillir de la danse : à la chapelle Saint-Libéral de Brive, l’Orangerie du Jardin de l’Evêché de Limoges ou encore le Palais de Poitiers… « Nous avions envie de sortir des studios de danse pour rester ouverts à d’autres approches, inviter d’autres artistes pour avoir une réflexion commune, assure Julie Coutant. C’était nécessaire et très adapté à ce que nous avions vécu avec les confinements, une bonne manière de redynamiser la compagnie. »


Après être notamment passée par le Centre d’animation de Beaulieu, le Centre d’art de Rouillé et le Tap, l’équipe de Se faire un présent doit encore se réunir en résidence, le mois prochain, au CCN de Biarritz puis à la Manufacture CDN de Bordeaux, afin de finaliser la pièce. Avec l’espoir que sa proposition trouve son public. « On vit dans un contexte où le corps n’existe que dans un objectif fonctionnel, de résultat, de performance. On travaille à le ramener dans un cadre sensible et poétique, pour donner à voir sa musicalité et celle des personnes qui la portent », 
défend Eric Fessenmeyer. De musicalité il sera encore question dans le prochain projet de la compagnie, dont une partie de la production se déroulera à Poitiers, en fin d’année.

DR - Séverine Charrier

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