Immobilier : un reflux, pas d’effondrement

Dans la Vienne comme ailleurs, le marché de l’immobilier a reflué ces derniers mois, sous le double effet de la hausse des taux et de la frilosité des banques à prêter, notamment aux primo-accédants. Rien d’inquiétant à ce stade.

Arnault Varanne

Le7.info

Chez Square Habitat, le nombre de contacts clients a baissé de 20% sur le premier trimestre 2023, par rapport à la même période de 2022. La filiale du CrédIt Agricole 
-12 agences dans la Vienne- subit comme ses concurrentes le contre coup des trois dernières années exceptionnelles en nombre de transactions. « Si c’est alarmant ? Non. Je reste persuadé que nous revenons à la normale, ce sont les années post-Covid qui ne l’étaient pas », 
décrypte Ronan Lefeuvre, directeur général de Square Habitat Touraine-Poitou. D’ailleurs, le groupe a constaté un volume de transactions égal sur les trois premiers mois de l’année. Ce qui signifie que « le besoin d’accéder à la propriété est toujours présent ». Avec des profils d’acquéreurs différents ? « On a toujours des primo-accédants, des investisseurs mais moins de clients qui sont dans une seconde acquisition. » Ronan Lefeuvre estime au-delà qu’en dehors de Poitiers, les plus petites communes n’ont pas subi d’effet spéculatif et que les prix restent donc cohérents par rapport au pouvoir d’achat.

« Une mauvaise 
nouvelle »

Benjamin de Tugny partage le constat de son confrère. 
« Quand on enlève Poitiers, Niort ou Angoulême des trois départements, vous êtes sur un marché assez accessible », 
commente-t-il. A Poitiers, en revanche... La problématique de captation de nouveaux mandats semble moins prégnante au printemps, mais les acquéreurs se bousculent moins au portillon. Et les prix n’ont pas suivi la courbe des taux. D’une façon globale, le président de la Fnaim Vienne-Deux-Sèvres-Charente évalue entre « 30 et 40% » la baisse du nombre d’acquéreurs. 
« Ceux qui viennent vers nous ont déjà un projet ficelé et certains paient même cash. Pour les autres, la remontée des taux est une mauvaise nouvelle. » Alors qu’un crédit immobilier sur vingt ans se négociait autour de 1,30% il y a un an, le taux atteint aujourd’hui 3,29% d’après le site de courtage Meilleurtaux.com. Et tout concourt à ce qu’il franchisse la barre des 4%. 

Forte concurrence

« C’est simple, reprend Benjamin de Tugny, entre 1 et 4% c’est 100 000€ de pouvoir d’achat en moins sur un emprunt de 400 000€. » Même si le portefeuille moyen est largement en deçà dans la Vienne, le choc est violent, 
« surtout pour les primo-accédants ». Une nouvelle donne dont les investisseurs semblent s’accommoder, notamment dans les villes de taille moyenne. Les prix des biens ? « Ils ne baissent pas encore de façon significative », constate Ronan Lefeuvre. « On va entrer dans une nouvelle phase où les propriétaires devront revoir leurs prétentions à la baisse », 
prophétise Benjamin de Tugny. Autrement dit, un rééquilibrage général semble s’opérer, sans crainte d’une crise de l’immobilier. L’un des points de tension sous-jacents concerne le nombre de professionnels. Les réseaux de mandataires ont fleuri, si bien que les agences « traditionnelles » 
font face à une concurrence toujours plus protéiforme.

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