Beauté/Bien-être - Un secteur aux deux visages

Hormis les grands centres aquatiques qui peuvent proposer une large gamme d’équipements et de services, les instituts de beauté et de bien-être peinent encore à retrouver leur activité d’avant-Covid.

Romain Mudrak

Le7.info

On respire à nouveau au sein de « Mieux vivre par la sophrologie Poitiers ». Benoît Weeger, son président, se félicite d’avoir attiré « une trentaine de nouveaux adhérents » depuis septembre dernier. L’association compte désormais environ 55 membres qui participent à des ateliers de sophrologie dynamique animés par des professionnels. « Mais nous n’avons pas encore retrouvé notre effectif de 2019. Nous étions 70, moitié moins à la sortie du Covid. » Tout est à reconstruire, petit à petit. L’originalité de la démarche ? « On n’est pas dans une consultation individuelle, reprend Benoit Weeger. Les séances se déroulent en groupe de cinq à sept personnes qui veulent retrouver un bien-être personnel sans pour autant s’engager dans une démarche thérapeutique. »

Relaxéo, le centre de Spa situé à Mignaloux-Beauvoir, a aussi été très impacté par la crise sanitaire puisque concerné par toutes les fermetures administratives. Cette période d’incertitude a été suivie d’un « boom de l’activité fin 2021-début 2022 », explique le directeur Laurent Chevalier. Et puis il y a eu l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a engendrée l’inflation que l’on connaît encore aujourd’hui. 
« On est dans un secteur de loisirs donc pas prioritaire dans le budget des familles. Pour autant depuis l’été dernier, ça fonctionne bien. » De quoi faire vivre 13 salariés en tout cas. Une clientèle touristique se développe même, au détour d’un passage par la Vienne.

La concurrence des auto-entreprises

Si les grandes structures comme Relaxéo, qui disposent d’une large gamme de services et d’équipements, s’en sortent plutôt bien, la conjoncture actuelle apparaît moins favorable aux salons. « Toute la profession rencontre énormément de difficultés de trésorerie, note Chantal Fernand, gérante de Beauté Energie à Migné-Auxances et co-présidente de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté et spas (Cnaib) de la Vienne. Le remboursement des Prêts garantis par l’Etat (PGE) pèse lourd. Et puis les clientes se sont mises à consommer autrement. Pendant le Covid, elles ont pris l’habitude d’acheter leurs produits sur Internet et une partie a investi dans son propre matériel pour s’épiler seules par exemple. » Résultat, il n’est pas rare que le panier moyen ait baissé jusqu’à 30% par rapport à 2019. « Il faut donc travailler plus pour atteindre le même chiffre d’affaires. »

Le strict minimum a remplacé les achats « plaisir ». Mais ce n’est pas tout. Un autre phénomène grève aussi l’activité des salons bien installés : le développement des auto-entreprises. « Elles représentent 80% des ouvertures, estime la représentante syndicale. Les employées préfèrent travailler à leur compte, gérer leur temps mais c’est un danger pour l’artisanat, la transmission du savoir-faire et cela crée moins de postes pour celles qui veulent rester salariées. » Sans oublier un sentiment de concurrence déloyale de la part de ces structures qui paient moins de charges. « Certaines n’ont même pas de diplôme », alerte Chantal Fernand qui n’est pas mécontente de faire bientôt valoir ses droits à la retraite.

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