Léonore Moncond'huy : « Rien ne va jamais assez vite »

Trois ans après son élection inattendue à la mairie de Poitiers, Léonore Moncond’huy dresse le bilan de son action. Sans s'exonérer de ses responsabilités.

Arnault Varanne

Le7.info

A mi-mandat, quel sentiment domine par rapport au temps politique qui passe ?
« Pour quelqu’un d’assez impatient comme moi, rien ne va jamais assez vite. On a vécu un début de mandat très particulier, avec un an et demi à gérer la crise Covid. La conjoncture globale, l’inflation font que cela n’a pas été simple de faire avancer les projets. Mais on progresse, des transformations ont été impulsées dans la ville. »

De quelles actions êtes-vous la plus fière ?
« Sans doute des transformations urbaines. La réhabilitation des Couronneries, que nous n’avons pas lancée, suit le calendrier prévu et son achèvement est en bonne voie. Je suis aussi fière de ce qui va se faire au Pont-Neuf et sur le quartier de la gare. Ce sera une vraie porte d’entrée du territoire. »

S’agissant du Pont-Neuf, vous avez procédé à une expérimentation avant de privilégier une troisième voie à 6M€. Est-ce un rendez-vous manqué en termes de concertation ? 

« Je ne le vois pas comme ça, bien au contraire ! Le projet qui va démarrer en août permettra au quartier du Pont-Neuf, délaissé depuis des dizaines d’années, d’être pleinement réintégré au cœur de la ville, il y fera bon vivre. L’expérimentation aurait pu aboutir à une solution plus rapide et moins chère, mais elle suscitait une forte opposition et ne répondait pas à l’ensemble des besoins. Les dernières réticences de riverains ? Nous avons des partis-pris, le fait de diminuer le nombre de places de stationnement en est un. »


Vos opposants vous reprochent un taux d’exécution des investissements historiquement faible en 2022, à Poitiers et Grand Poitiers. Comment l’expliquez-vous ?
« Si vous regardez les villes de taille équivalente, c’est la même situation. Au début du mandat, on lance des études qui prennent du temps mais pas beaucoup d’argent. Les investissements concrets se font sur la deuxième partie. Par ailleurs, on a une conjoncture particulièrement lourde. Par exemple, la réhabilitation du siège du CCAS a pris 1M€ sur une opération chiffrée entre 2 et 3M€ à la base. C’est énorme ! Il faut en revanche que nous soyons bons à l’échelle globale du mandat. »

« J'ai une approche humble par rapport à cet épisode »

Sur la résidence seniors Edith-Augustin (Le 7 n°600), dont la fermeture a été contestée pendant de nombreuses semaines, avez-vous choisi la bonne méthode a posteriori ?
« J’ai une approche humble par rapport à cet épisode. Le parti-pris de départ était que les personnes concernées aient une vision claire et des perspectives de bénéficier d’une place dans une autre résidence. Notre approche a été mal comprise, la mobilisation nous a poussés à trouver une nouvelle solution (un modèle d’habitat inclusif porté par les bailleurs sociaux, ndlr) avec nos partenaires (Ekidom, SEP), même si elle ne résout pas les problématiques financières du CCAS. »

Les relations avec le préfet de la Vienne Jean-Marie Girier sont très fraîches sur plusieurs sujets. Les divergences de vue sont-elles indépassables ?
« Je n’ai aucune animosité envers le représentant de l’Etat, j’aspire à ce que les relations entre la ville-centre et le préfet soient apaisées, sous le signe du respect de la forme républicaine. Je n’ai jamais pris d’initiative visant à le mettre en cause. Le préfet de la Vienne ne partage pas les orientations politiques de la Ville sur certains points. Ce n’est pas indépassable dans la mesure où nous avons d’excellents résultats dans les partenariats que nous engageons avec l’Etat. »


Sur « l’affaire » Claire Gesson, reconnaissez-vous un peu de légèreté ?
« Le tribunal administratif a statué sur l’urgence de la situation(*), l’affaire sera jugée au fond dans quatre à six mois. Nous avons dû agir en urgence face au départ de l’ancien Directeur général des services (Patrice Guyot, parti en décembre, ndlr). Claire Gesson est une agente dans la collectivité depuis très longtemps, elle était la garantie d’une stabilité des équipes. Il y a très régulièrement des contrôles de légalité, c’est la première fois qu’il y en a sur les ressources humaines dans l’histoire de la collectivité. Excès de zèle du préfet ? C’est vous qui le dites. »


Concernant les tags, la Ville a été beaucoup critiquée, débordée par l’abondance de messages. Un procès injuste selon vous ?
« Il n’y a aucune ambiguïté sur le fait que je condamne les tags, notamment lorsqu’ils comportent des messages haineux ou appelant à la violence, a fortiori sur des bâtiments patrimoniaux fragiles. Nos équipes sont pleinement mobilisées dans le cadre de leurs prérogatives. Ce qui relève des compétences de l’Etat et de la police nationale, c’est de pouvoir enquêter et de mettre fin à la « source ». Une ville ne peut pas tout. La situation s’apaise ces derniers jours et je m’en réjouis car cela ne donnait pas une bonne image de Poitiers. »

(*)Déjà agente de Poitiers, l'intéressée ne pouvait pas légalement être nommée DGS de Grand Poitiers, un poste de contractuel.

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