[IL ETAIT UNE FOI] Naturellement païens

Chaque semaine, des milliers de Poitevins se retrouvent autour de croyances communes, souvent éloignées des trois religions monothéistes bien connues. Pour terminer cette série, cap sur le paganisme, une pratique spirituelle où la nature est reine.

Romain Mudrak

Le7.info

Le 21 juin est une date importante pour Marine. Le jour du solstice d’été est l’occasion pour elle de réaliser un rituel très personnel. « Idéalement, j’aimerais faire la fête avec des amis autour d’un grand feu, mais comme j’ai un boulot et un enfant, je m’organise souvent à la dernière minute, raconte cette jeune Poitevine de 28 ans. Alors je sors, je me balade au lever ou au coucher du soleil, je m’imprègne du moment. J’apprécie ce qu’offre la nature dans mon potager. C’est un temps de méditation, de contemplation, d’introspection sur des sujets précis. » Marine, alias « Draen Fern », se revendique du paganisme. Elle s’inspire de rituels païens antérieurs aux religions monothéistes, ainsi que de l’ésotérisme en vogue dans les campagnes au Moyen Age. 
« Je parle plus de pratiques spirituelles. Pour ma part, le divin peut être présent partout dans le monde naturel. »

« Je crois en la science »

La nature, justement, tient une place « sacrée » dans la vie de Marine, comme dans sa déco intérieure. « J’accorde beaucoup d’importance au respect du vivant. » Végétarienne, elle s’intéresse aux vertus des plantes médicinales, les fameux remèdes de grand-mère parfois appelés « sorcellerie des campagnes ». « Mais je crois en la science et dans la médecine moderne », précise-t-elle rapidement pour couper court à tous les préjugés. Si Marine a accepté de partager son expérience, c’est aussi pour casser l’image d’illuminés que peuvent parfois subir les païens, alors qu’ils s’attachent concrètement aux pouvoirs de la nature et au cycle des saisons. « Je ne fais pas référence à un dieu mais j’utilise des figures divines qui représentent des notions qui me correspondent. » 
Pour elle, c’est la déesse irlandaise Brigit, symbole de la fertilité, de la poésie et des arts de la forge, à qui elle rend hommage le 1er février, jour de l’Imbolc. Marine lit des contes et d’autres textes inspirants écrits par des gens qui décrivent leurs propres pratiques. Particulièrement créative, la jeune femme aime réaliser des linogravures représentant des paysages ou des animaux.

D’autres rituels de groupes passent par déclamer à voix haute une chose qu’on est fier d’avoir accompli durant l’année ou énoncer le nom et les qualités d’une personne décédée à laquelle on tenait. Mais Marine admet ne pas y participer. Draen Fern retrouve parfois ses amis de l’Obod comme Hildegarde. Mais sa pratique reste très personnelle. Toutefois, elle a créé le compte Instagram Cafés païens qui regroupe près de 600 personnes et lui permet d’animer la communauté.

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