Les chaudières à gaz
en sursis ?

Elles sont dans le viseur du gouvernement qui veut les remplacer par des alternatives moins polluantes. Mais il est encore trop tôt pour espérer se défaire complètement des chaudières à gaz.

Eva Proust

Le7.info

En mai dernier, un projet de loi était présenté visant à interdire les chaudières à gaz d’ici 2026, y compris dans le bâti existant. Il s’est heurté à une levée de boucliers de la part des acteurs de la filière gaz, mais aussi des associations de consommateurs. L’exécutif a finalement reculé le 31 août, mais acté en 2023 la suppression de deux aides financières pour l’installation d’une chaudière à gaz : Coup de pouce chauffage et MaPrimeRénov’. Leur fin programmée semble être sur les rails.

« 2026, c’est une échéance trop courte »

En France, douze millions d’habitants dépendent du chauffage à gaz et beaucoup de foyers n’ont pas les capacités techniques ou financières de changer leur mode de chauffage. « L’interdiction est un peu inéluctable, il est nécessaire de sortir des énergies fossiles, avance Frédéric Siuda, membre de l’UFC-Que Choisir 86. Mais le secteur du gaz représente 160 000 emplois en France qu’il faut reconvertir. 2026, c’est une échéance trop courte. »
Dans la Vienne, GRDF dessert près de 50 000 clients. Le fournisseur a relevé qu’un remplacement total des chaudières à gaz par des chauffages alternatifs « nécessiterait 15 gigawatts de puissance supplémentaires », impossible à fournir en l’état actuel. Si le gouvernement veut « accélérer la transition écologique » du secteur de l’énergie, le gaz reste encore attractif. En 2022, 470 000 chaudières à gaz ont été vendues sur le territoire national, contre 380 000 remplacées par un autre moyen de chauffage.

La pompe à chaleur, solution mirage ?

Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), une maison de 100m2 chauffée au gaz émet 227g de CO2 équivalent carbone. Pour diminuer cet impact, le remplacement d’une chaudière classique par un modèle THPE (très haute performance énergétique) permettrait d’économiser « 30% sur la consommation de gaz », selon GRDF. Le recours au gaz vert, produit localement, fait aussi figure d’avenir au sein de la filière. Toutefois, l’explosion des coûts du gaz (+ 25% en 2022, soit 96€ TTC le mégawattheure) pousse certains ménages à sauter le pas vers un autre mode de chauffage. Parmi les alternatives, la pompe à chaleur séduit de plus en plus, avec 346 000 unités vendues en France l’année dernière. De plus en plus démocratisées, les pompes à chaleur (PAC) restent assez incertaines quant à leur consommation et leur performance. « Il faut prendre en compte leur type, leur emplacement, le crédit effectué pour savoir s’il est possible d’économiser et d’abaisser son bilan carbone », précise Frédéric Siuda. Il rappelle que les PAC ne peuvent convenir « qu’aux logements avec une bonne isolation et un accès extérieur ». Or, 70% des foyers chauffés au gaz ont un mauvais diagnostic de performance énergétique, de classe F ou G. Qui plus est, la vente de PAC s’expose à de nombreuses arnaques constatées par l’UFC-Que Choisir 86, souvent « par des sociétés qui ne sont pas implantées dans le département ». Pour aider les particuliers à faire leur choix, Grand Poitiers a mis en place un point Info énergie accessible à tous les habitants.
Point Info énergie : 05 49 30 20 54, permanence au 5, rue du Puygarreau, Poitiers.

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