Les Mapuches par le dessin

Du haut de ses 18 ans, Lucía Guillot Concha a le goût du dessin, hérité de son père, et un attachement fort pour le Chili, pays de sa mère. L’étudiante mêle volontiers les deux dans les tableaux visibles actuellement à la Maison de la Gibauderie, à Poitiers.

Claire Brugier

Le7.info

Exposer ses tableaux, Lucía Guillot-Concha y avait déjà songé sans jamais oser. Les voilà accrochés depuis le début du mois sur un mur de la Maison de la Gibauderie, à Poitiers. La maison de quartier a en effet sollicité la jeune étudiante pour compléter une programmation dédiée au Chili à l’occasion du 50e anniversaire du coup d’Etat, le 11 septembre 1973. Lucía n’était pas née à l’époque mais la Poitevine de 18 ans a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture chilienne et entretient « un lien précieux » 
avec le pays de sa mère. Au-delà de voyages en Amérique du sud et sa maîtrise parfaite de l’espagnol, elle porte un véritable intérêt au pays, ses traditions, ses valeurs, ses combats, et tout particulièrement au peuple Mapuche auquel elle rend hommage à travers ses dessins.

« Petite j’avais toujours des crayons ou des feutres pour dessiner. Depuis toujours, quand quelque chose me fait rêver, j’ai besoin de le voir sous mes yeux », explique celle qui mélange avec plaisir les techniques, passant des feutres au fusain, de l’acrylique aux pastels, à l’aquarelle… Dans ce domaine, l’héritage est paternel. « Mon grand-père a suivi des cours à l’école des Beaux-Arts et mon père a aussi cette passion. » Mais à la différence d’autres enfants, Lucía a persévéré et elle nourrit de nombreux souvenirs de séances de dessin partagées avec son père, parfois sur une grande feuille étalée à même le sol.

Terre-mère

Les tableaux qu’elle expose jusqu’à la fin du mois à la Gibauderie mettent volontairement l’accent sur la culture des Mapuches de Patagonie, 
« un peuple qui a été persécuté pendant la colonisation et qui l’est aujourd’hui encore pour ses terres que convoitent de grandes entreprises, raconte Lucía. Il a toujours lutté et vit d’une façon dont j’aimerais vivre. Les Mapuches respectent la nature, ils vivent en harmonie avec elle. Ils se sentent la nature. » En témoigne le concept de « Nuquemapu », ou Terre-mère, cher à l’étudiante en… biologie-sciences de la vie. Dans ses représentations, le corps des femmes se fond dans des éléments et des décors naturels. Elles ont souvent les cheveux longs et bruns, comme elle… « Je pense que c’est une façon de m’intégrer dans ce monde qui m’attire », 
analyse Lucía, intarissable sur ce peuple autochtone de l’Araucanie. De ses deux passions naissent des tableaux habités, représentant ici l’arbre emblématique des Mapuches, l’araucaria, là leur drapeau, la tradition des cycles lunaires, les bijoux traditionnels féminins ou encore cette femme aux cheveux d’eau… « J’aime beaucoup dessiner la nature comme une mère qui nous protège, qui nous nourrit. »

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