Lève-toi et vis !

Martine Chauvin remarche. Après vingt ans clouée dans un fauteuil par des douleurs intenses, cette Deux-Sévrienne obstinée a bénéficié au CHU de Poitiers d’une innovation et d’une équipe sensationnelles. Une expérience qu’elle partagera jeudi avec le public.

Le7.info

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Elle a rangé son fauteuil roulant à la cave… A l’aube de la soixantaine, Martine Chauvin s’est remise à marcher après plus de vingt ans de douleurs incessantes qui l’empêchaient de produire le moindre geste. « Je viens juste de monter la tour de Pise en Italie. Avec mon mari, on a fait soixante kilomètres de marche pendant la semaine », annonce fièrement cette Deux-Sévrienne pleine de vie. Plus qu’un miracle, cette prouesse est née d’une volonté féroce et d’une technologie de pointe mise en œuvre au CHU de Poitiers.

Cette volonté, Martine l’a forgée au fil des galères, contraintes, échecs et espoirs. Retour en arrière. Pour elle, c’est en 1998 que les ennuis ont commencé. A 38 ans, après une série de lumbagos, son corps s’est complètement bloqué. Chaque mouvement est accompagné de douleurs chroniques. Difficile de l’imaginer mais Martine, secrétaire et joueuse de tennis de bon niveau, a dû cesser toute activité. « Je restais vingt-trois heures sur vingt-quatre à souffrir au lit. J’ai beaucoup pleuré. Mes enfants me remontaient le moral, ils se sont pris en charge. »

Patiente experte

Chirurgie et médicaments n’y font rien. En revanche la situation s’améliore en 2006 lorsqu’elle rencontre Philippe Rigoard. Le neurochirurgien lui propose la neurostimulation, des électrodes émettant un champ électrique de faible intensité au niveau de la moelle osseuse qui brouille la circulation du message de la douleur vers le cerveau. A l’époque, cette technologie est encore méconnue et balbutiante. Les contraintes sont nombreuses, mais au moins Martine retrouve un peu de mobilité. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais toujours à l’affût des dernières évolutions de la neurostimulation, elle se porte volontaire pour tester les nouveautés. Jusqu’à cette innovation de rupture découverte en 2020. « On est désormais capable de fragmenter le champ électrique et de sélectionner finement les fibres nerveuses à traiter », précise le 
Pr Rigoard. Déprogrammée deux fois à cause du Covid, son opération est un succès. Martine peut à nouveau se mettre debout. 
« Un soir d’octobre, on était chez ma fille, j’ai proposé d’aller au restaurant sans mon fauteuil. » 
Progressivement, les promenades se sont allongées. Elle a gagné en autonomie jusqu’à repasser son permis de conduire. « Mes douleurs, je les qualifie aujourd’hui d’agréables, elles me rappellent mon parcours et m’incitent à profiter du temps présent. »

Son troisième livre est en préparation. Depuis vingt ans, Martine Chauvin ne cesse de partager son expérience. Elle a fondé l’Association francophone pour vaincre la douleur (AFVD) et a créé à Poitiers le premier parcours d’éducation thérapeutique pour apprendre aux autres à vivre malgré leur détresse. « Au-delà de mon expérience, je me suis beaucoup formée. Je sais qu’à la douleur s’ajoute la souffrance de l’impact sur sa vie quotidienne, on ne se sent plus bon à rien, il faut accompagner les gens. » Patiente experte au CHU, elle est consultée par les praticiens. Philippe Rigoard est devenu son ami. Ensemble, ils raconteront cette histoire en détail jeudi à l’Espace Mendès-France, dans le cadre d’un Pôle info Santé en public co-organisé avec le CHU. L’occasion de donner espoir au plus grand nombre.

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