Dans une filière de recyclage textile saturée, Eco Tex Loop souhaite apporter une solution industrielle. Porté par les sociétés châtelleraudaises Plaxtil et Essaimons, ce programme s’inscrit dans une démarche plus globale.

Claire Brugier

Le7.info

Comme TLC dans les Vosges, Renaissance en Mayenne ou Recycl’occ Textile dans le Gard, Eco Tex Loop a été lauréate en 2024 du challenge industriel de Re-fashion, l’éco-organisme chargé d’accompagner l’industrie de la mode vers une économie plus circulaire. L’initiative châtelleraudaise portée par Plaxtil et Essaimons répond de fait à une vraie réalité, voire à une urgence. « Aujourd’hui, la filière de recyclage des textiles, qui passait jusqu’à présent par la revente sous la forme de fripes ou l’exportation vers des pays en voie de développement, est complètement bouchée », résume le co-fondateur des deux startups Olivier Civil, chiffres à l’appui. Sur les 19kg de textiles jetés en France chaque seconde, soit 
600 000 tonnes par an, seuls 34% sont collectés pour être recyclés ou réutilisés. Parmi ceux-ci, combien le sont véritablement à l’heure où la fast fashion inonde le marché ? « Les filières traditionnelles de recyclage sont saturées et, depuis quelques mois, des structures de l’économie sociale et solidaire retirent leurs bornes de collecte », 
déplore Olivier Civil. 


Les associations 
au pré-tri

Né de ce constat, Eco Tex Loop est l’un des quatre programmes portés par Plaxtil et Essaimons (lire ci-contre). Piloté par la seconde, il sera dédié au recyclage industriel des déchets textiles en nouveaux fils, du « tex to tex » en somme, grâce à « un outil de reconnaissance spectrale pour avoir la composition exacte du textile », explique Olivier Civil. 
« Nous allons sur-trier. » Dotée de l’IA, la chaîne sera installée cet été dans les nouveaux locaux d’Essaimons, rue Louis-Blériot à Châtellerault, et devrait traiter à terme 5 000 tonnes de textiles par an. Cet investissement de près d’1M€ doit permettre de répondre à la demande de recycleurs chimiques tels que l’entreprise finlandaise Infinited Fiber Company (fibre Infinna), lesquels ont « besoin de gisements extrêmement qualifiés ». 


La machine va-t-elle remplacer les petites mains des structures d’insertion, une dizaine, qui travaillaient jusqu’à présent avec Essaimons ? « Les associations restent nos partenaires, car pour que la chaîne soit rentable, il faut que nous ayons des déchets pré-triés. Nous allons mettre en place avec elles des programmes d’accompagnement sur le pré-tri et, sur certaines opérations, nous leur amènerons de l’activité. » Olivier Civil prévoit aussi la création de quatre à cinq emplois au sein d’Essaimons avant la fin de l’année et autant sous un an. Avec l’ambition de « rapidement essaimer Eco Tex Loop ».

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