Architecte de la résurrection de l’Alterna SPVB, Cédric Enard s’apprête à fêter ses retrouvailles avec Tours, samedi à Lawson-Body et le suivant à Grenon. Le manager général savoure la résurrection de son club, sans triomphalisme.
Dans quel état d'esprit êtes-vous avant cette finale ?
« On veut la gagner ! Quand on arrive à ce niveau-là... Il faut respecter l’événement et se mettre en ordre de marche pour tout croquer. Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir remis du baume au cœur aux gens qui travaillent et supportent le club. Le soir de la demi-finale retour, j’ai vu pas mal de supporters avec le sourire et les yeux un peu embués. Le parcours de l’équipe rappelle pas mal de bons souvenirs avant la disparition du club en 2012. »
L’équipe dégage une sérénité rare...
« On sent depuis quelques semaines que dans les moments où elle est un peu moins bien, tout glisse sur l’équipe. Les gars sont en confiance et restent concentrés. Il y a un vrai état d’esprit. Ce sera un atout dans cette finale. »
Le recrutement de Nik Mujanovic est-il le facteur X des play-offs ?
« Evidemment, Nik apporte quelque chose d’extraordinaire avec ses points, sa présence au bloc, son service. C’est un jeune joueur magnifique. Mais on a tendance à oublier l’incidence qu’il a sur le reste du groupe. Un passeur comme Brett (Wash) qui peut compter sur un mec capable de score, ça change tout ! C’est le pointu qui nous manquait. Sa présence permet à Brett d’être plus relâché, aux réceptionneurs-attaquants d’avoir moins de joueurs au bloc en face, idem pour les centraux... Cela rend l’équipe plus difficile à lire pour l’adversaire. Un jeune comme Pujol (Thomas) a mis du temps à se montrer mais il fait des play-offs très solides. »
« On est juste au début du projet 2028. »
L’entraîneur de Chaumont Silvano Prandi a qualifié le règlement de « stupide » au sujet du recrutement de Mujanovic. Que lui répondez-vous ?
« Je ne rentre pas trop dans des trucs comme ça. En 2021, le règlement a permis à Chaumont de prendre Lanza (réceptionneur-attaquant italien, ndlr) et d’être champion de France. Il y a beaucoup de polémiques sur des conneries. Le règlement ? Si la LNV et la DNACG nous avaient dit de passer notre chemin, nous n’aurions pas recruté. Mais Chris Byam a eu un arrêt de travail de deux mois à cause d’une grosse entorse avec triple arrachement osseux. Et Vucicevic s’est fait une entorse avec rupture du tendon de la cheville. On est droit dans nos bottes. »
Une autre polémique enfle puisque l’arrivée de Mujanovic à Tours a été annoncée avant la fin des play-offs...
« Normalement, ce genre d’annonce intervient après. Des choses se font, d'autres pas. Le gamin a une espèce de pression sur les épaules... Mais au final, ce que je vois, c'est que tous les joueurs de cette équipe ont l'opportunité dans dix jours d'écrire « champion de France » sur leur CV. Est-ce que ça se troque contre une participation à la Ligue des champions ? Je ne sais pas. Nik est bien encadré, avec une équipe au top. »
La saison est-elle déjà réussie ?
« Si tu es champion, comment ne pas le dire qu'elle n'est pas réussie ? Dans le cas inverse, on ressentira beaucoup de frustration. Mais je le dis et je le répète, on est juste au début du projet 2028, qui n’est pas uniquement centré sur l'équipe professionnelle. Quoi qu'il arrive, ce n’est pas parce qu'on atteint la finale que le projet est validé et qu'on est arrivé au bout. Il y a beaucoup de secteurs à développer. »
« Nous sommes plus attractifs. »
Le club est-il prêt à être européen la saison prochaine ?
« Non, nous ne le sommes pas. On va se retrouver dans le même cas de figure qu’avec l’arrivée d’Earvin. On n’était pas prêts à jouer à guichets fermés à chaque match, à avoir cette tempête médiatique. Mais on va aller chercher d’autres partenaires, on va tous réussir ce pari d’aller en coupe d’Europe avec un partenaire comme Alterna qui est juste fabuleux et nous accompagne de manière extraordinaire. »
Sentez-vous que le regard sur Poitiers a changé depuis quelques mois ?
« Incontestablement, oui. Nous sommes plus attractifs, il y a eu un engouement avec l'arrivée d'Earvin et une petite déflagration quand il est parti. Cet engouement est lié aux résultats de l’équipe, à comment le club avance. Si je suis revenu ici, c'est pour avoir la chance et le bonheur de revivre ce que j’ai vécu en 1999 comme minot dans cette équipe championne de France. »
DR M. Pichon