L’utilisation du béton de chanvre comme isolant de premier recours séduit un nombre grandissant de professionnels de la construction et de la rénovation. Grand Poitiers est convaincue depuis longtemps.
Il y a trois ans, germait, dans le sillon de l’innovation, l’idée d’une patiente reconquête des pratiques. Agriculture, alimentaire et bâtiment, promettait-on alors, deviendraient rapidement les grands bénéficiaires du développement d’une filière chanvre dans la Vienne. Parmi les initiateurs de ce projet, la communauté urbaine de Grand Poitiers s’efforce depuis lors d’ériger l’utilisation de ce matériau biosourcé en modèle d’engagement solidaire et durable. Débutés fin 2024, les travaux d’agrandissement et de rénovation du Centre Communal d’action sociale de Poitiers sont la première concrétisation d’ampleur -à elle seule, l’extension couvrira 200m2- de cette politique de diversification et de gestion environnementale. Préfigurant sans doute ce qui sera prochainement réalisé au centre socioculturel des Trois-
Cités et en d’autres lieux de la ville, l’agrandissement en gestation rue de la Marne prévoit l’adjonction, à l’ossature bois du bâtiment, d’un « béton » associant, non plus plus ciment et sable, mais chaux et chènevotte, nom donné à la partie de la tige de chanvre dont on a retiré la fibre. Les qualités premières de cet isolant
minéral-végétal ? « Une grande capacité à conserver la fraîcheur à l’intérieur des bâtiments l’été et à réguler l’humidité et la vapeur d’eau, une grande résistance au froid l’hiver et aux bruits en toute saison », éclaire Didier Merzeau, dirigeant d’Art de Bâtir à Coulombiers, l’entreprise retenue pour mener à bien le chantier du CCAS.
Vous avez dit
« biosourcé » ?
En outre, le chanvre, matériau dit « biosourcé » car issu de la biomasse, comme le bois, la paille, le liège ou le colza, est reconnu pour agir efficacement contre l’intrusion de certains indésirables, comme les rongeurs. « Ses autres grandes forces sont sa légèreté et sa facilité de mise en œuvre, poursuit le spécialiste de la rénovation de patrimoine. Au CCAS, le
« chaux-chanvre » sera appliqué par projection mécanique, ce qui lui confèrera moins de teneur en eau et permettra de raccourcir les temps de séchage. » Rénovation, construction, marché public, entreprises, particuliers… A l’horizon de ses voyages au long cours, le chanvre n’exclut aucune destination. Ça tombe bien, une filière lui est désormais dédiée.