Roche, le Qatari

Manager général du Stade poitevin volley lors de son premier titre de champion de France, en 1999, Jean-Michel Roche aura passé dix saisons au total sur les bords du Clain, marquant de son empreinte l’histoire du club. Depuis maintenant cinq ans, c’est à Doha, au Qatar, qu’il entretient la flamme de la passion.

Nicolas Boursier

Le7.info

Le gigantisme qui l’entoure ne lui a jamais tourné la tête. « Au cours de ma longue carrière, j’ai appris à m’adapter à tout », lâche-t-il dans un grand sourire. Au bout du fil, Jean- Michel Roche affiche calme et sérénité. « Ici, je n’ai pas énormément de distractions, mais la ville est tellement cosmopolite que les cultures s’entremêlent. Pour peu qu’on fasse l’effort de les découvrir, cela devient hyper intéressant. »

Au milieu des grandes tours de Doha, qui abritent son exil volontaire depuis 2009, l’ancien joueur (1886-1990), entraîneur (1994- 1998) et manager (1998-2000) du Stade poitevin volley savoure de laisser du temps au temps. A l’image de ce Qatar qui « n’a aucune limite d’expansion », son avenir semble… éternel. « A 60 ans (ndlr : il les a eus en mai dernier), j’ai un enthousiasme de junior. Alors pourquoi m’imposer des carcans ? Moi, je butine, en vivant au jour le jour. »

L’absence de sa femme et de sa fille, qui parcourent trop rarement les 3300 kilomètres séparant les Seychelles, leur île de résidence, de Doha, tout comme l’éloignement de sa France natale, « que je n’ai visitée qu’un fois en cinq ans », ne semblent pas lui peser plus que cela. « Parce qu’ici, je suis dans un cocon, relance-t-il. Contrairement aux idées reçues, la vie est moins chère qu’en Europe et les salaires, même au volley, loin des standards du Vieux Continent. En revanche, quelle tranquillité ! Dans le monde que je fréquente, personne ne se prend la tête. Moi, je fais mon taf, j’avance sans pression. Qu’est-ce que c’est appréciable ! »

Coeur poitevin

Bien loin du volley-ball tricolore, auquel il donna trente-quatre ans de son existence, de ses premiers pas de joueur pro, au CASG Paris, en 1974, à sa rupture avec Nice, en 2007, l’ancien sélectionneur national ne regrette donc pas le choix de l’exotisme. Il n’en conserve pas moins une tendresse particulière pour les moments forts de sa carrière « made in France ». Comme ce doublé coupe de France-championnat réalisé, entre 93 et 94, à la tête de l’AS Cannes puis, bien sûr, le titre obtenu avec Poitiers, en 99. « La victoire en coupe, en 1996, avait écrit la première ligne du palmarès du club. En 99, c’était encore autre chose. Une vraie communion avec le staff, les joueurs, le public, la ville tout entière. Je n’étais plus entraîneur, mais manager. Reste qu’au contact de Francis Morillon , alors président, j’ai vécu des moments inoubliables. » Inutile d’en rajouter : « JMR » ne dira rien sur les raisons de son départ, la saison suivante. « Trop de commentaires ont été faits dans la presse locale, notamment sur mes relations avec Eric Ngapeth, le coach. Avec le recul, je ne m’autorise qu’une chose : affirmer que le Stade poitevin méritait son titre, comme il mérite aujourd’hui de figurer au sommet de l’élite. Lorsque je l’ai pris en mains, j’ambitionnais d’en faire l’un des quatre plus grands clubs en Europe. Il ne l’est jamais devenu, mais putain que l’aventure fut belle, malgré tout. »

Quinze ans après, les noms de Roche, Ngapeth, Morillon, Brousseau, Chambertin, Sammelvuo, Duerden ou Soïca résonnent encore dans l’esprit et le coeur des thuriféraires de l’époque. Un jour, qui sait, leurs héritiers marcheront de nouveau sur leurs traces. De Doha ou d’ailleurs, «JMR» sera alors le premier à s’en féliciter.

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