Réalité virtuelle sur ordonnance

A Lussac-les-Châteaux, Sabrina Gineau est la première psychologue de la Vienne à utiliser des lunettes de réalité virtuelle pour soigner ses patients souffrant de phobies et d’addictions.

Romain Mudrak

Le7.info

Et si la réalité virtuelle venait au secours des phobiques ? Imaginez-vous plongé au milieu de la foule ou perché sur le toit d’un immeuble de dix étages... Pas évident lorsque vous êtes sujet à l’ochlophobie, à l’agoraphobie ou au vertige. Les nouvelles technologies permettent de combattre le mal par le mal, mais en toute sécurité.

La start-up toulonnaise C2Care développe à fond ce concept. Elle fournit aux praticiens lunettes, smartphone et contenus renouvelés et agrémentés tous les mois. A Lussac-les-Châteaux, Sabrina Gineau est la première psychologue de la Vienne à avoir adopté cet équipement. Et ce n’est pas un hasard. Fan de jeux vidéo, cette professionnelle suit l’émergence de la réalité virtuelle dans la santé depuis ses débuts aux Etats-Unis, il y a deux ans.

« J’introduis cette technologie dans des thérapies brèves de deux à quatre mois, à raison d’une séance par semaine. Jamais immédiatement. J’aborde d’abord les techniques de relaxation et, quand les patients sont prêts, on y va. » L’immersion est progressive. La peur des aiguilles ou de certains animaux, comme les araignées, les chiens ou plus surprenant des oiseaux, peut être résolue par cette méthode. Tout comme le stress de prendre la parole en public. Les patients peuvent stopper l’expérience à tout moment.

Un psy à mes côtés
« On met les gens en situation beaucoup plus facilement. Il m’arrivait souvent de partir en voiture avec des patients qui avaient peur de conduire. Ce n’était pas toujours rassurant, ni pour eux, ni pour moi », se souvient Sabrina Gineau. Alors, imaginez pour ceux qui ont peur de l’avion ! L’immersion virtuelle permet de gagner du temps dans les traitements. Les résultats sont également prouvés en matière de troubles alimentaires. D’ailleurs, Sabrina Gineau va intégrer un programme de lutte contre l’obésité, lancé en septembre sur le Pays montmorillonnais. Pour les addictions au tabac, les patients peuvent être immergés dans un bar au cours d’une soirée festive. « Ils se déplacent, on les accompagne et quand l’envie de cigarette est trop forte, on les interroge sur leurs émotions pour les ramener à la réalité et les déconditionner. » Idem pour l’alcool. « Il faut parfois un peu de temps aux patients avant de reprendre leur journée », admet la praticienne. Preuve que ça marche. Et que tout se passe dans la tête.

 

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