
Aujourd'hui
Alpha, fort mais suffocant
Après les succès de Grave et Titane, Julia Ducourneau dérange une nouvelle fois les spectateurs en proposant une fable sur les années sida. Malgré le potentiel, la magie n’opère pas.
Nous sommes en 1990. Dans une ville dystopique balayée par un vent de sable rouge, Alpha (Mélissa Boros), 13 ans, se fait tatouer le A de son prénom lors d’une soirée alcoolisée. L’endroit est sale, le tatoueur est un parfait inconnu et l’aiguille… Qu’en est-il de l’aiguille ? Etait-elle propre ? Stérile ? A-t-elle déjà servi à tatouer quelqu’un d’autre ? Lorsque la mère d’Alpha (émouvante Golshifteh Farahani), médecin, découvre le méfait, la panique l’envahit. Et pour cause, depuis quelques années un mystérieux virus qui transforme littéralement les gens en marbre plonge la population dans la peur. Il faut désormais attendre les résultats des tests dans l’angoisse et l’humiliation d’être soudainement devenue un paria. Si le virus n’a volontairement pas de nom, l’allégorie du sida est flagrante. Une transmission par le sang et les fluides corporels, la peur d’être contaminé par un simple baiser... Le message est fort et rappelle une triste période. Après Grave et Titane, Julia Ducourneau joue une nouvelle fois la carte (légère cette fois) du gore et du malaise. La réalisatrice use avec intelligence des gros plans pour déranger le spectateur… quitte à l’oppresser. Difficile notamment de s’attarder sur le corps presque cadavérique de Tahar Rahim, délesté de 20kg pour le rôle, ou de ne pas détourner les yeux face au sang et aux aiguilles. Sans une once de répit, le récit tente de jongler maladroitement entre plusieurs ambitions : la complexité de la maladie, l’exploration des addictions, de l’homophobie, la relation mère-fille, mais peine à les intégrer dans une narration cohérente. Le scénario écartelé entre présent, rêves et flashbacks donne en effet la sensation d’un « brouillon » décevant face au potentiel du sujet, au casting exceptionnel et au maquillage bluffant. Quant à la fin, aucun risque de spoiler. Le flou est intentionnel. Coup de génie ou pas ? A vous de vous faire votre opinion…
Drame, body horror de Julia Ducourneau avec Mélissa Boros, Golshifteh Farahani, Tahar Rahim, Emma MacKey (2h08). Déconseillé aux moins de 12 ans.
DR
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samedi 23 août