Les irrigants attendent des actes 

Nicolas Hulot et Stéphane Travert (*) ont présenté, ce mercredi matin, en Conseil des ministres, une série de mesures sur la gestion de l’eau. Guillaume Chamouleau, président de l’association des irrigants de Poitou-Charentes, Aquanide, reste sur ses gardes et attend que les projets de créations de réserves se concrétisent…

Florie Doublet

Le7.info

Le plan gouvernemental sur la gestion de l’eau prévoit « là où c’est utile et durable, des projets de stockage hivernal de l’eau ». Vous aviez justement interpellé Nicolas Hulot à ce sujet. Êtes-vous soulagé ? 

« J’espérais surtout ne pas être dépité. Ce n’est pas le cas, mais je serai heureux le jour où des solutions concrètes seront mises en place. Pour l’instant, cela reste de bonnes intentions, il faut passer à l’acte. Ce qui me rassure, c’est que plusieurs leviers sont actionnés pour relever les défis de demain. C’est positif. En revanche, on demande encore aux agriculteurs de « progresser dans l’efficience de l’irrigation ». On ne prend pas en considération la somme d’efforts menée depuis une vingtaine d’années. Nous varions déjà nos cultures, nos réseaux d’irrigations sont efficaces à 95%… On ne peut pas faire grand chose de plus. »
 

Avez-vous l’impression que les irrigants sont pointés du doigt ?

« Pas cette fois, mais nous sommes souvent stigmatisés par les associations environnementales. L’argument économique revient souvent : l’argent public dédié à la création de réserves ne sert qu’à une petite partie de la population. Une petite partie, certes, mais qui produit de la nourriture pour tout le monde. Peut-être que nous n’expliquons pas assez notre manière de travailler. Nous devons faire plus de pédagogie et communiquer vers le grand public. »

Le grand public peut justement se demander pourquoi certaines cultures sont irriguées en plein soleil entre midi et 16h…

« A première vue, cela semble du gaspillage. Mais les études mettent en lumière une différence de 3% du taux d’évaporation entre les arrosages de jour et de nuit. Ce n’est pas significatif. C’est aussi une question du coût. Un particulier peut arroser son jardin tous les deux ou trois jours. Un irrigant, il lui faut sept jours consécutifs pour arroser la totalité de ses champs. Si on lui demande de ne le faire que la nuit, cela lui demandera logiquement quatorze jours ! Il faudrait donc doubler le matériel d’irrigation. Economiquement, on ne s’en sortirait pas. »

 

(*) Respectivement ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture  

 

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