Des stages pour les parents défaillants

A partir du 21 juin, des stages de responsabilité parentale seront mis en place dans la Vienne. Cette alternative à des poursuites judiciaires vise à faire baisser le taux de récidive chez les mineurs délinquants. D’autres l’ont déjà mise en place ailleurs.

Arnault Varanne

Le7.info

Il y a encore quelques années, la délinquance des mineurs représentait moins de 18% du total des infractions commises dans le département. En 2017, le chiffre a grimpé à 25%, avec une recrudescence inquiétante de faits attribués aux 13-16 ans (44% des faits). Rétros caillassés en pleine nuit, incivilités répétées, vols à l’étalage, absentéisme scolaire... Police, gendarmerie et justice croulent sous les dossiers de « gamins ». Comme il l’a déjà instauré à Limoges, le procureur de la République de Poitiers Michel Garrandaux a donc choisi de mettre en place des « stages de responsabilité parentale ». « Dans certaines situations, les parents ne remplissent pas pleinement leur rôle d’éducateur, tel que le prévoit la loi. Parfois, ils sont démunis », indique-t-il. 

« Des échanges entre eux »?

Au-delà de la morale, ces stages sont avant tout « une mesure de droit ». Obligatoires et payantes (50€), ces sessions d’une journée et demie démarreront à partir du 21 juin. L’association Prism-Adsea a prévu de confronter les parents « démissionnaires » -une dizaine de personnes maximum par stage- à des juristes, médiateurs et psychologue. « Notre but, avance Nadine Delcoustal, c’est de rappeler le cadre juridique, de les amener à réfléchir sur l’éducation qu’ils prodiguent et les soutenir. Nous voulons aussi qu’il y ait des échanges entre eux. » La directrice du Pôle de réparation pénale d’investigation de soutien éducatif et de médiation (Prism) considère l’initiative comme « un outil supplémentaire ». En cas de refus de participer aux stages, les parents seront passibles de pour- suites, pouvant entraîner des sanctions financières (jusqu’à 30 0000€) et judiciaires (deux ans de prison). Bref, on ne badine pas avec les règles, a fortiori parce que l’objectif consiste à « remettre sur les rails des gamins qui s’en écartent », dixit Michel Garrandaux.

A Paris, l’Association d’aide pénale (Aapé) dispense de tels stages, mais sous une autre forme. Les parents sont soumis à quatre entretiens individuels sur une durée de quatre mois. « Nous avons démarré en 2013, surtout avec des adultes dont les enfants étaient très souvent absents à l’école », témoigne Martine Scholle, chef de service « médiation pénale et responsabilité parentale » de l’Aapé. J’ai l’impression que l’effet de répétition des messages est efficace. » En Haute-Vienne, où des stages se déroulent depuis quatre ans, les résultats sont plutôt « très positifs », selon Denis Banoinous, directeur de l’ADPPJ. Seul bémol et de taille : plus de 50% des personnes convoquées ne se présentent pas. 

 

 

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