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Tout le monde sait que son monopole pose problème, mais beaucoup se servent quand même de ses services. Sous ses airs d’incontournable géant du Web, Google n’a en fait rien d’indispensable. A Poitiers, on trouve une poignée de résistants bien décidés à mettre en valeur des alternatives au moteur de recherche américain.
Android, Gmail, Drive, Docs, Maps, Chrome... Si vous ne le saviez pas déjà, Google n’est pas qu’un simple moteur de recherche. Fondée en septembre 1998 par Larry Page et Sergueï Brin, la marque est devenue, au fil des années, l’une des entreprises les plus influentes au monde. Avec Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, les fameux « GAFAM », elle est aussi l’une de celles ayant réuni le plus d’informations sur ses utilisateurs. A part la Russie et la Chine, qui ont réussi à imposer des services nationaux, Google sait à peu près tout des habitants de la planète.
« Google est une boîte de pub,explique Frédéric Moreau, secrétaire de l’Association poitevine pour la promotion des logiciels libres et de linux (APP3L). Pour vendre son produit aux annonceurs, il crée un avatar numérique de vous. Il vous suit à chaque instant de votre vie. »En fonction de vos usages, Google est susceptible de comprendre où vous habitez, où vous travaillez, à quelle heure vous vous levez le matin, vous rentrez le soir, quand vous avez fait la fête, quelles sont vos préférences culturelles, politiques, qui vous fréquentez... Et pour un peu que, comme 80% des Français, votre téléphone tourne sur Android, la tâche est encore plus simple. « Aujourd’hui, les gens les laissent même installer des micros chez eux : ça s’appelle Google Home. Au bout du compte, ils vous connaissent mieux que vous-même », assène Frédéric Moreau.
Ce dernier est un militant acharné du libre, c’est-à-dire de l’usage d’outils alternatifs permettant d’échapper au systématisme des « GAFAM ». David Guillemin est le co-responsable du master esDOC à Poitiers. Outre son usage personnel, il encourage ses étudiants à privilégier les offres alternatives. Selon lui, elles sont nombreuses : « Firefox fait aussi bien voire mieux que Chrome, Open street maps est un outil collaboratif qui peut tout à fait remplacer Google Maps... La plus grosse contrainte, c’est le poids des usages. »
« Zadisme numérique »
En matière de numérique, il est en effet difficile de changer ses habitudes. Google, avec ses centaines d’employés hautement qualifiés et sa stratégie marketing bien huilée, soigne ses services. C’est beau, c’est simple, c’est fluide et, pour couronner le tout, c’est gratuit. Ce qui n’est pas toujours le cas de l’autre côté. « Les acteurs du libre n’ont pas encore passé la barrière de l’expérience utilisateur, constate Siegfried Burgeot, chef de projet web au Centre régional information jeunesse (Crij). Ils veulent quelque chose qui fonctionne et assument ne pas se soucier du design. Le libre c’est un peu du zadisme numérique, tu résistes mais tu acceptes de ne pas avoir l’eau courante. »
Entre combat et confort, le choix n’est pas simple. « Evidemment, ça demande des efforts de résister, conclut Frédéric Moreau. Mais se poser la question, c’est déjà un premier pas. Si j’utilise un service gratuit, qui paye ? Quand je vais sur un site, qu’est ce qui se joue en coulisses ? Après, il faut prendre la peine de se lever de notre fauteuil moelleux. »
7 outils pour dire au revoir à Google
Qwant. Moteur de recherche français, également basé sur la pub mais revendique une meilleure protection de la vie privée et des données de ses utilisateurs.
DuckDuckGo. Méta-moteur de recherche qui met lui aussi en avant l’absence de traçage de ses utilisateurs, et qui ne conserve pas les données.
Firefox. Navigateur créé par la fondation Mozilla, qui prône des valeurs de défense d’Internet et de son esprit d’origine, à savoir le partage de savoir et le contrôle des données personnelles.
Framapad. L’une des nombreuses initiatives de Framasoft, une association française dédiée au libre. En l’occurrence, Framapad est une alternative à Google Docs, l’interface de travail collaboratif.
Tutanota. Boîte mail pouvant héberger jusqu’à 1Go de données gratuitement. Le mail est la technologie la plus compliquée à mettre sur pied, c’est pourquoi la plupart des alternatives à Gmail sont payantes.
OpenStreetMap. Gestionnaire de cartes très complet car collaboratif. Comme sur Wikipédia, ce sont les utilisateurs qui mettent à jour les cartes. L’outil est également adaptable aux usages spécifiques car, comme c’est souvent le cas avec le libre, le code source est accessible.
Chatons. Pour Collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires. Imaginé par Framasoft. Souvent désignés comme les AMAP du web, ces petites structures réunies en collectif proposent localement toute une myriade de services, du mail au stockage de données en passant par les outils collaboratifs. Plus d’infos sur chatons.org.
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