Récoltes, vendanges : les bras manquent

Les premières vendanges sont lancées et déjà, certains producteurs crient à la pénurie de main d’œuvre, comme partout dans le secteur agricole. Derrière ce constat implacable et alarmant, chacun y va de sa petite explication.

Steve Henot

Le7.info

Dans tout le secteur agricole, le sujet est particulièrement sensible, irrite même. Qu’ils soient producteurs ou viticulteurs, ils sont nombreux dans la Vienne à se retrouver confronté à la pénurie de main d’œuvre, alors que les récoltes battent leur plein et que s’ouvre la période des vendanges. « Cela fait bientôt vingt ans que ça dure… Je n’ai rien de plus à en dire », s’agace un producteur de melon, dans un certain fatalisme.

Ce constat en laisse d’autres plus incrédules. « Même si ça devrait le faire pour nous, on voit bien que c’est un peu plus tendu que les autres années », relève Vincent Baille-Barelle, responsables de la partie fruits aux Vergers de Cherzeau. « Nous avons reçu un peu moins de CV et de coups de fil. Je n’arrive pas à me l’expliquer… Nous sommes surpris. »

Cette année encore, la situation serait particulièrement alarmante. « L’été, ça va parce que beaucoup d’étudiants postulent. Mais ce n’est pas pérenne, alors que la saison court de mars jusqu’à fin octobre », confie-t-on au Syndicat des producteurs de melons du Haut-Poitou. L’un de ses membres pointe du doigt, lui, « le manque de motivation » d’une partie des saisonniers. « Une bonne dizaine ont démissionné, cet été », raconte ce producteur, très remonté. « J’en ai même un qui n’est pas revenu le lendemain parce qu’il s’était sali les chaussures ! » La rudesse du travail et la faible rémunération auraient également raison de certaines volontés.

Des problèmes avec les saisonniers français

Ce producteur de melons, comme d’autres dans le département, est confronté à une liste de candidats particulièrement réduite, arrivée la fin de l’été. La récolte n’attendant pas, il n’a pas d’autre choix que d’embaucher des ressortissants étrangers, notamment plusieurs réfugiés du Darfour. « Aujourd’hui, ils représentent entre 60 et 70% de nos saisonniers. Cela va grandissant. Il y a 13 ans, ce n’était que 4 à 5% de nos effectifs ! » Une main d’œuvre étrangère certes, mais motivée. « Ces gens sont heureux d’être là. Ils ne rechignent pas à la tâche, apprennent le français et s’intègrent très bien par le travail. »

Les vignerons ne sont épargnés. « Dans notre secteur, le cliché s’est développé que l’on avait des problèmes avec les saisonniers français », ressent Gilles de Bollardière, chef de culture au domaine Ampelidae, à Marigny-Brizay, tout en ajoutant que « les vendanges, c’est du travail, il faut être sérieux ». Lui n’a pas encore de difficultés à recruter -« grâce au bouche à oreille, à de bons réseaux et, sans doute, au fait d’être en agriculture biologique »- mais il n’ignore pas que certaines régions sont plus touchées que d’autres. « C’était plus vrai en Bourgogne, où j’ai travaillé et où l’on avait 130 personnes à vendanger. »

Des candidats sur Facebook ou Le Bon Coin

Des organismes tels Pôle emploi ou l’Anefa s’efforcent de proposer aux professionnels des solutions pour pallier à cette pénurie. Mais « les producteurs doivent faire part de leurs besoins », rappelle Khadija Zeghloul, directrice adjointe de l’Anefa Poitou Maritime. Sous-entendu, « peu d’entre eux passent par nous ». En effet, seule une trentaine d’entreprises agricoles de la Vienne sont en contact avec l’Agence départementale pour l’emploi et la formation en agriculture. « Mais peut-être n’avons-nous pas les moyens d’en informer davantage… », plaide toutefois Khadija Zeghloul.

L’Anefa avait un peu plus de 2 200 postes saisonniers à pourvoir cette année. Dans le lot, on trouve aussi des opportunités de contrat longue durée ou à durée indéterminée. Mais là aussi, l’Anefa peine parfois à dénicher les candidats. « Il nous arrive de passer par Facebook et Le Bon Coin pour en trouver. »

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